Comment George Lucas a obtenu les droits sur les produits dérivés ?
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Je pensais, à tord, que la Fox les lui avait concédé lors d’une demande de budget supplémentaire pour Star Wars : devant leurs réticences, il leur aurait proposé de lui avancer les fonds pour finir le film mais d’échanger son salaire de réalisateur par les droits sur les produits dérivés. Les produits dérivés d’un film étaient marginaux à l’époque et servaient plus à la promotion qu’à la capitalisation. Un deal tout bénéf pour la Fox.
Sauf que... C’était pas tout à fait ça : la temporalité et les enjeux de cette affaire sont racontés dans le documentaire l’Empire des rêves et une interview de Tom Pollock, l’avocat de Lucas à l’époque.
Entre 1972 et 1973, alors qu’il réalise American Graffiti, George Lucas écrit le space opera sur lequel il souhaite travailler ensuite : THE STAR WARS. Il a assez de matière pour faire trois films et doit donc se résoudre à ne présenter qu’une partie de l’histoire qu’il pourra vendre à un studio.
Début 1973, Alan Ladd Jr., directeur créatif à la 20th Century Fox entend parler de Lucas et d’American Grafitti. Il demande à voir le film et, convaincu par son talent, rencontre George qui lui parle de son futur projet.
Les autres studios ayant refusé de faire le film, la Fox signe un premier contrat avec Lucas en juin 1973 mais la sortie en salle et l’énorme succès d’American Graffiti entraine de longues négociations dès aout 1973 : l’agent (Jeff Berg) et l’avocat (Tom Pollock) de George l’incitent à réclamer un plus gros salaire pour la réalisation du prochain film et Alan Ladd trouve la demande légitime. Ses représentants se confronteront à ceux de la Fox (dont Bill Immerman) maintes fois pendant l’année 1974 pour obtenir ce qui importe vraiment à George :
"J’ai fait très attention de dire : Je ne veux pas plus d’argent, plus de points.
Je ne veux rien de financier. Mais je veux avoir le droit de faire ces suites.
Je travaillais en présumant, comme chaque cinéaste que le film serait un désastre...Qu’il ne serait pas promu, mourrait d’une mort horrible...
Et qu’il serait très difficile de faire les deux films suivants.
Quand j’ai repris la licence, je me suis simplement dit :
"Je pourrai faire des T-shirts. Je pourrai faire des posters. Et je pourrai vendre ce film, même si le studio ne veut pas le faire."
J’ai donc réussi à prendre le contrôle de presque tout ce qui restait et qui n’intéressait pas le studio."
Mais il avait aussi préalablement réfléchis à l’hypothèse que le film soit un succès mais que le studio s’approprie son univers et fasse des suites sans lui ce qui lui serait insupportable puisqu’il a passé près d’un an à les écrire et qu’il n’y a pas pris particulièrement de plaisir. Il se méfie totalement des studios : son expérience avec la Warner pour THX-1138 l’a profondément marqué et il s’apprête à subir une autre déconvenue sur la post-production d’American Graffiti avec Universal Pictures.
Gareth Wigan, producteur exécutif à la 20th Century Fox à l’époque :
"George a vu extrêmement loin et le studio pas...
Parce qu’il ne savait pas que le monde changeait.
George savait que le monde changeait.
Il l’a changé !"
Beaucoup d’articles qu’on trouve aujourd’hui en ligne insistent sur le demi-million de dollar que Lucas aurait refusé mais comme expliqué ci-dessus : ces 500000$ ou plus étaient un cachet négociable légitime au vu du succès en salle d’American Graffiti mais ils n’ont jamais fait parti d’un contrat ou d’un accord puisque Lucas ne voulait pas d’argent mais du contrôle sur les droits.
Tom Pollock explique qu’ils récupéreront le contrôle total sur les droits des produits dérivés en établissant les contrats pour L’Empire Contre-Attaque en forçant la main à la Fox : si on n’a pas de droits, on fait le film ailleurs.
Il raconte aussi, en se vantant au passage de son érudition en matière de connaissances de l’Univers de La Guerre des Étoiles que Lucas avait déjà le twist de l’épisode V en écrivant le IV : Darth Vader = Dark Father mais, et je le raconterai dans un autre article, c’est complétement faux !
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Between 1972 and 1973, while he was making American Graffiti, George Lucas wrote the space opera he wanted to work on next : THE STAR WARS. He had enough material to make three films and had therefore resolved to present only part of the story that he could sell to a studio.
At the beginning of 1973, Alan Ladd JR, creative director at 20th Century Fox, heard about Lucas and American Grafitti. He asked to see the film and, convinced by his talent, meets George who told him about his future project.
The other studios having refused to make the film, Fox signed a first contract with Lucas in June 1973 but the theatrical release and the enormous success of American Graffiti led to long negotiations from August 1973 : the agent and the lawyer of George encouraged him to demand a bigger salary for the direction of the next film and Alan Ladd found the request legitimate. His representatives confronted those of Fox many times during 1974 to obtain what really mattered to George :
“I was very careful to say : I don’t want more money, more points.
I don’t want anything financial. But I want to have the right to make these sequels.
I worked under the assumption, like every filmmaker, that the film would be a disaster...That it would not be promoted, would die a horrible death...
And that it would be very difficult to make the next two films.
When I took the license again, I simply said to myself :
"I’ll be able to make T-shirts. I’ll be able to make posters. And I’ll be able to sell this movie, even if the studio doesn’t want to do it."
So I managed to take control of almost everything that was left that the studio wasn’t interested in."
But he had also previously thought about the hypothesis that the film would be a success but that the studio would appropriate his universe and make sequels without him, which would be unbearable for him since he spent almost a year writing them and he didn’t enjoy that. He is totally distrustful of studios : his experience with Warner for THX-1138 had a profound impact on him and he is about to suffer another disappointment on the post-production of American Graffiti with Universal Pictures.
Gareth Wigan, former production executive for 20th Century Fox :
"George saw extremely far and the studio didn’t...
Because he didn’t know the world was changing.
George knew the world was changing.
He changed it !”
Many articles found online today emphasize on the half a million dollars that Lucas allegedly refused but as explained above : this $500,000 or more was a legitimate negotiable fee given the success in theaters. American Graffiti but they were never part of a contract or agreement since Lucas didn’t want money but the control over the rights.
Tom Pollock explains that they will regain total control over the rights to the derivative products by establishing the contracts for The Empire Strikes Back by forcing Fox’s hand : if we don’t have the rights, we’ll make the film elsewhere.
He also says, boasting in passing of his erudition in terms of Star Wars’s lore that Lucas already had the twist of episode V when writing IV : Darth Vader = Dark Father but, and I will tell it in another article, it is completely false !
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