Salonius - une fanfiction de Morglaz : Chapitre 7
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Morglaz nous partage le septième chapitre de la fanfiction mettant en scène ses personnages :
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CAMP D’ESCLAVES DE VAARUN DAM, Dromund Kaas
Le jour se lève sur le camp où s’est réfugiée Ria. L’endroit est plutôt calme.
Dès qu’elle ouvre les yeux, la jeune Sang-Pur se redresse vivement, le visage fermé, et entre dans cette nouvelle journée avec un esprit de victoire. Elle est déterminée, motivée à trouver des réponses, des solutions, à vivre enfin. Et si elle doit passer des mois dans ces cages, elle le fera, pourvu qu’elle prenne enfin ses propres décisions. Depuis toujours elle a du faire ce qu’on lui disait. Petite, elle obéissait simplement aux ordres de ses tuteurs. Puis, lorsque sa vie sembla basculer vers une condition d’esclave, il n’en fut rien : Qu’est-ce qui changeait, au fond ? Elle était toujours contrainte à faire ce qu’on la destinait à faire sans broncher. La seule chose qui différait, c’était ce collier d’esclave dont on l’avait affublée, un petit dispositif automatique qui se pose sur la nuque. Une fois activé, il se colle littéralement à vos cervicales grâce à une pression magnétique constante. Ces colliers épuisent et raidissent la nuque à force d’être portés, provoquant dans de nombreux cas des dégradations physiques temporaires telles que de simples raideurs ou des torticolis. Ces dégradations peuvent parfois devenir permanentes, engendrant dans les cas les plus graves, des déformations de la colonne vertébrale et, à force de courber l’échine pour tenter de soulager son mal, des cyphoses, caractérisées par une courbure anormale de la partie supérieure du dos, rendant les gens "bossus". C’est le cas des ouvriers les plus vieux, qui ont porté les colliers le plus longtemps.
Lorsqu’elle va récupérer son premier repas de la journée, elle croise Perrick. Elle le salue simplement en levant le regard vers lui. C’est un témoignage de sympathie car elle aurait très bien pu l’ignorer. Avant de prendre la route pour le chantier, comme tous les autres, elle s’étire telle une sportive de haut niveau, tableau plutôt étrange en l’état : Au milieu de cent silhouettes fantomatiques, grises et identiques, qui se suivent en traînant la patte, une fière créature rouge maintient une activité physique dynamique. Une fois ces quelques minutes de "travail personnel" effectuées, elle emboîte le pas aux ouvriers et, diligente, part opérer au barrage et expérimenter le monde du labeur. Passer ce temps au milieu des charpentes où elle n’aura pas à réfléchir pour accomplir ses tâches lui permettra de mobiliser sa matière grise pour échafauder un plan d’évasion. L’aubaine est qu’elle a aussi tout le temps qu’elle veut pour glaner des informations sur les lieux, la planète et les alentours tout en étant à peu près nourrie et plus ou moins logée. En se rendant sur ce chantier, elle est plutôt fière d’elle. Et fière d’avoir trouvé de bonnes raisons d’avoir échoué dans ce qui, de prime abord, ressemblait à une impasse.
Alors, pendant qu’elle participe à la chaîne humaine qui se passe sacs de matières premières et outils, elle questionne son entourage, à voix basse pour ne pas être rappelée à l’ordre par les gardes qui encadrent le chantier. Elle apprend d’assez nombreuses choses sur le but de ce dernier et sa progression. Premièrement, le barrage retient l’eau pour un projet plus grand, celui là même pour lequel Ria achemine les matériaux en bas du mur : Sur ce terrain vaste se tiendra un complexe, commandé par un seigneur Sith nouvellement arrivé sur la planète, le seigneur Salonius. D’après les informations récupérées çà et là, Salonius serait un "jeune" seigneur ayant participé à l’effort de guerre en réalisant des recherches scientifiques, mais rien de plus précis ne renseigne la "rouge". Salonius a commandé la construction d’un domaine servant à la fois de quartiers et de lieu de travail, appuyé par ses supérieurs, sur Dromund Kaas, au plus près des sièges stratégiques impériaux. La quantité de matériel à descendre est remarquable, la centaine d’esclaves travaille donc d’arrache-pied depuis plusieurs jours déjà. Ils ne servent que de mules, n’ayant pas de compétences de construction : d’autres viendront après eux, ainsi que des ingénieurs, des constructeurs qualifiés et leur personnel. Personnel qui ne sera ni plus ni moins qu’un autre ramassis d’esclaves, avec des compétences différentes, additionnés de salariés. Ria réalise donc qu’elle a atterri au milieu des esclaves les plus médiocres possibles, seulement bons à se passer des objets à longueur de journée. Il existe donc des travailleurs non citoyens dotés de compétences et de savoirs-faire, moins nombreux mais toujours utiles pour réduire les coûts.
Elle se souvient alors en écoutant ces bribes de témoignages que Dromund Kaas, cette orageuse et sombre planète peuplées d’impériaux et d’animaux cauchemardesques, est la planète par excellence de l’Empire Sith, grande puissance galactique. Ici siègent de grandes figures politiques et militaires, qu’elles soient "normales", ou manipulatrices de la Force. Car les Siths, ces guerriers et intellectuels dont les plus importants détiennent le pouvoir au sein de l’Empire, sont de noirs adeptes du côté obscur de la Force, celui qui, selon les histoires, les légendes, ou les témoignages réels, sème la mort et la dévastation.
Ria ne croit pas à ces histoires de "dévastation", justement. L’Empire, elle connaît, avant d’être capturée, c’est parmi les impériaux qu’elle vivait. Si les Siths étaient ces anarchiques dépeints par la croyance populaire et les légendes véhiculées au delà des mondes contrôlés par l’Empire, il n’y aurait pas d’Empire. Au contraire : L’Empire représente l’ordre, la discipline, et endigue les débordements qui vont contre le bien collectif. Comment donc pourrait il être l’œuvre de fanatiques prônant le chaos ?
Et pourtant, elle ne veut plus d’un carcan, d’un contrôle total sur ses faits et gestes...
Ria s’arrête soudain. La Sang-Pur brise le mouvement de chaîne et à ses côtés, les ouvriers grondent d’incompréhension. Mais Ria est estomaquée par ses propres pensées. L’Empire... Elle ne peut plus appartenir à l’Empire. De citoyenne impériale elle a été vendue comme esclave, alors aux yeux de l’Empire, elle est désormais esclave, déchue de ses droits. De plus, le système politique impérial, bien que respecté par cette jeune "rouge" pour l’ordre et la sécurité qu’il assure, ne lui convient plus. Des ordres, des destinées toutes tracées, elle n’en veut plus, et surtout pas pour que son destin soit celui d’une esclave à vie. Elle doit partir. Mais elle ne supporte pas l’anarchie, du peu qu’elle en a vu au cours de ses voyages à bord de l’Insondable, cela ne lui convient pas. Sa respiration s’accélère sensiblement, le stress et l’angoisse la gagnent. Elle est alors bousculée légèrement et, lorsqu’elle se tourne, voit une matraque s’abattre sur elle. Les gardes du barrage sont descendus pour la rappeler à l’ordre dès qu’elle s’est arrêtée de véhiculer les fournitures...
La journée a été rude pour Ria, et même douloureuse. Pourtant, elle ne semble pas près de s’arrêter : Elle est emmenée dans une tente carrée, de taille modeste, où trônent une chaise et une table basque sur laquelle quelques objets quelconques sont exposés. Un bloc de données, probablement un manifeste de progression des travaux, un registre qui quant à lui recèle certainement la liste des esclaves, un holocommunicateur ainsi qu’une lampe. La chaise, derrière ce bureau de fortune, n’est pas occupée. Ria est sommée d’attendre dans cette tente.
Un homme fait irruption. D’un certain âge, imberbe et chauve, il a les traits marqués et le visage dur. Un tatouage noir, grossier, tout en longueur et d’inspiration géométrique, orne une partie de son crâne et sillonne les rides de la partie droite de son visage. Cet homme est immense. Il dépasse la jeune Ria de plus d’une tête, et elle qui est pourtant si forte semble ridicule face à lui. Il porte une cuirasse beige, en cuir, et à sa ceinture est attaché un holster qui abrite un pistolet blaster à son côté droit, et une matraque est accrochée à sa gauche. En outre, à sa botte droite, il y a un couteau. Ria garde la tête légèrement baissée, mais elle reste alerte et non abattue ou coupable, et elle pend temps de le détailler de la tête aux pieds, dans le silence le plus absolu, pendant qu’il contourne la table et va s’asseoir dans l’unique chaise de la pièce. Seule la pluie qui s’écrase sur la toile de tente produit un bruit de fond. L’homme précède l’un des gardes du chantier, celui qui a donné son premier repas à la fuyarde, qui entre à sa suite.
- Alors ?
Le chauve a lancé cela sans même donner l’impression qu’il allait parler, surprenant presque Ria en brisant le silence. Celle ci lève les yeux, observant tour à tour l’homme assis et le garde.
- Alors cette Sang-Pur est apparue hier soir, contremaître. Elle avait déjà ce collier magnétique au cou. Je lui ai dit qu’on n’avait pas de poste à pourvoir mais elle a buté un de vos types pour prendre sa place.
- Ça, ça ne va pas du tout...
Il se penche sur la table, posant les coudes sur le plateau et joignant les mains, sur lesquelles il appuie son menton. Il lève un regard inquisiteur vers Ria, qui lui rend un regard fier. Elle réalise que l’œil droit du contremaître est embué par un voile gris, tandis que le gauche est brun.
- Alors, esclave. D’où viens tu ? A qui appartiens-tu ? Va falloir qu’on te rende et qu’on demande des dédommagements à ton maître pour celui que tu as tué...
Ria réfléchit à toute allure. Elle ne peut pas dire qu’elle s’est échappée ou elle pourrait avoir des ennuis pires que ceux qu’elle a déjà. Et si elle ne trouve pas de bonne excuse dans les secondes à venir, elle pourrait être exécutée, en tant que meurtrière.
- J’étais dans un convoi interplanétaire pour aller construire des tombeaux. Quand on est passé dans le secteur de Dromund Kaas, la navette a été attaquée par des pirates qui espéraient s’approprier les esclaves à bord. On a été pris entre deux feux, deux vaisseaux ont tenté de nous accoster en même temps. J’ai eu la chance de pouvoir passer dans une capsule de sauvetage avant que les tirs ne s’intensifient trop et ne détruisent le bâtiment, avec l’un des meneurs d’esclaves. On a essayé de regagner la civilisation, mais perdus dans la nature, sans moyen de communication, ça a été compliqué. Le gars avec qui j’étais s’est fait tuer par une bestiole. Moi je courais plus vite que lui. Et je suis arrivée ici.
Ria raconte son récit de pure invention sur un ton détaché et monocorde, lui donnant un air honnête et vrai.
- J’ai pas entendu parler de ça, reprend le tatoué.
- J’ai aucune raison de vous mentir.
- C’est sûr. Mais tu vois on s’incruste pas comme ça dans un chantier, même si c’est très généreux de ta part, dit-il sur un ton sarcastique en esquissant un sourire. Donc même si ça me fait pas plaisir je vais devoir contacter le seigneur Salonius et lui faire part de ta petite incartade. T’as foutu un beau bordel, ’fin, pour t’expliquer un peu pourquoi tu éveilles soudain en moi un sentiment de haine intense, on appelle ça un "litige", tu vois, une situation exceptionnelle où y’a pas de mode d’emploi, donc faut demander au mec qui commande, tout là haut. Et moi, ça risque de me causer des petits soucis. T’as tué un de mes esclaves. Donc, entre autres sujets qui pourraient semer un peu la discorde entre lui et moi, il va devoir me le rembourser ou m’en fournir un autre. J’suis sûr qu’il va être ravi, et j’espère, j’espère de toutes mes forces qu’il va bien te maraver ta petite tronche de crustacé pour avoir provoqué ça... Maintenant dégage.
Si poliment invitée à quitter la tente, la "rouge" fait volte face et sort, immédiatement prise en charge par l’un des gardes qui s’occupent des ouvriers qui la ramène au campement, où, ne sachant trop comment, elle passera une nouvelle nuit en ayant survécu une journée de plus.
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