Les exactions de guerre russes diffusées sur internet et les réseaux sociaux - par Claude
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Je vais maintenant chercher des informations plus spécifiques sur la documentation des crimes de guerre et exactions.
Je vais rechercher des informations récentes sur ce sujet sensible.Je vais maintenant chercher des informations plus spécifiques sur la documentation des crimes de guerre et exactions.## Les exactions de guerre russes diffusées sur internet et les réseaux sociaux
La guerre en Ukraine a révélé un double phénomène concernant la diffusion d’exactions sur internet : d’une part, la documentation massive de crimes de guerre présumés par les citoyens et organisations, et d’autre part, leur instrumentalisation dans une guerre de l’information sans précédent.
### La documentation des crimes de guerre
Le bureau du procureur ukrainien a documenté plus de 29 000 crimes de guerre d’ici la fin août 2022, identifié plus de 624 suspects et engagé des poursuites contre environ 80 d’entre eux. Cette documentation s’appuie largement sur les réseaux sociaux et les témoignages diffusés en ligne.
Des organisations comme Amnesty International ont mis en place des équipes d’étudiants à l’Université de Cambridge pour vérifier des vidéos et photos prises à Marioupol, afin de trouver l’emplacement exact des bâtiments détruits et déterminer s’ils hébergeaient des civils. Les réseaux sociaux permettent de documenter les stratégies militaires ainsi que les exactions des soldats, et ces contenus peuvent ensuite faire l’objet d’études par des experts.
Amnesty International a enquêté pendant douze jours dans la région au nord-ouest de Kiev, menant des dizaines d’entretiens et analysant des preuves matérielles, documentant notamment des frappes aériennes illégales à Borodianka et des exécutions extrajudiciaires à Boutcha, Andriivka, Zdvyjivka et Vorzel.
### La guerre de l’information russe
La Russie met en œuvre des opérations coordonnées sur les plateformes sociales, notamment Telegram, pour diffuser des récits de propagande ciblant les civils, en particulier dans les régions partiellement contrôlées par l’armée russe. Le narratif de la "dénazification" de l’Ukraine justifie les exactions militaires en les présentant comme une opération de libération, s’appuyant sur de faux témoignages, des images détournées ou des vidéos fabriquées.
En mars 2022, l’opération #DavaïZaMir a été démasquée : des dizaines d’influenceurs sur TikTok récitaient face caméra le même texte justifiant l’invasion par le souhait de la Russie d’arrêter un génocide.
### Les défis et enjeux
Les réseaux sociaux représentent une mine d’informations tout en étant un vrai champ de mines, car les fausses nouvelles se sont immiscées à vitesse grand V parmi les milliers de publications sur la crise. Par exemple, une vidéo largement diffusée censée montrer des avions de chasse russes en Ukraine était en réalité une répétition de parade militaire en Russie effectuée en 2020.
La forte implication de la société civile dans la collecte d’éléments de preuve, incluant ONG, journalistes, cyberenquêteurs et citoyens, soulève des questions sur la collaboration entre ces acteurs non professionnels et les autorités de poursuite concernant la transmission des données recueillies.
Cette situation illustre comment les réseaux sociaux sont devenus simultanément un outil de documentation des violations du droit international et un champ de bataille informationnel où se mêlent preuves authentiques, désinformation et propagande.
Je vais approfondir ce sujet avec des recherches supplémentaires sur différents aspects.
Je vais maintenant approfondir avec une recherche sur les impacts psychologiques et les mécanismes de modération.
Je vais approfondir ce sujet avec des recherches supplémentaires sur différents aspects.Je vais maintenant approfondir avec une recherche sur les impacts psychologiques et les mécanismes de modération.## Les exactions de guerre russes diffusées sur internet et les réseaux sociaux : Analyse approfondie
La guerre en Ukraine a révolutionné la manière dont les conflits armés sont documentés, diffusés et instrumentalisés. Les réseaux sociaux sont devenus à la fois un outil de documentation des crimes de guerre et un vecteur massif de propagande, créant un environnement informationnel sans précédent.
### 1. La documentation massive des crimes de guerre
#### L’explosion de l’OSINT (Open Source Intelligence)
La guerre en Ukraine représente probablement le conflit le plus documenté de l’histoire. L’OSINT utilise tout ce qui est en ligne et public : posts sur les réseaux sociaux, vidéos, bases de données, images satellites.
**Bellingcat et l’écosystème OSINT** : Créé en 2014 par le britannique Eliot Higgins, Bellingcat s’est fait une spécialité de l’investigation en sources ouvertes et mène ses enquêtes avec une grande transparence quant à la méthode utilisée. Le collectif maintient une carte de l’Ukraine mise à jour avec les endroits exacts de bombardements et les pertes militaires, assurant un suivi en temps réel du conflit.
**Méthodes et outils** : Dans le cas de l’Ukraine, l’OSINT consiste à collecter des vidéos, photos, témoignages et documents textes via les réseaux sociaux. Les habitants ukrainiens postent régulièrement des vidéos et des photos attestant de l’ampleur des destructions, permettant de géolocaliser de multiples attaques contre des civils et d’établir l’utilisation par l’armée russe de munitions à fragmentation.
**Open Facto et l’écosystème français** : L’association Open Facto est spécialisée dans l’OSINT et mène un travail minutieux et titanesque pour collecter et archiver des preuves qui permettront de dire la vérité et de rendre justice. Ces organisations sensibilisent aussi leurs participants au traumatisme vicariant, un trauma secondaire lié à l’empathie qui touche de nombreuses personnes pratiquant l’OSINT en étant témoins de beaucoup de malheurs et de massacres.
#### Valeur juridique et admissibilité
L’OSINT peut compléter de manière critique les preuves traditionnelles, particulièrement dans le contexte de conflits en cours comme celui en Ukraine, où l’accès physique aux lieux d’incidents est très limité. En 2022, Bellingcat et le Global Legal Action Network ont lancé la Justice and Accountability Unit pour concevoir, appliquer et enseigner des méthodes d’enquête OSINT conformes aux normes de preuves strictes.
Cependant, le système judiciaire ukrainien, comme celui de la Russie, ne permet pas encore l’utilisation de l’OSINT dans ses tribunaux nationaux : les organes d’enquête et les procureurs doivent mener leurs propres investigations en reproduisant les travaux OSINT.
### 2. Telegram : l’arène centrale du conflit
#### Domination de la plateforme
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, Telegram (900 millions d’utilisateurs actifs) est devenue la plateforme privilégiée des blogueurs pro-guerre russes pour justifier l’opération et diffuser leur désinformation. Des soldats russes et ukrainiens filment la guerre en vrai et diffusent les images quasi instantanément sur Telegram, devenant des combattants-influenceurs.
**Utilisation militaire et stratégique** : La Direction Générale du Renseignement Russe (DGRR) diffuse des documents ciblés visant l’adversaire : conversations interceptées, preuves de crimes de guerre, affaires de corruption, et parfois des données personnelles de militaires russes. Les experts soulignent que faute d’outils modernes, les troupes russes ont aussi utilisé la messagerie cryptée pour les opérations, le transfert de renseignement et l’auto-correction de l’artillerie.
**Infiltration et surveillance** : Des activistes ont constaté que certains de leurs échanges utilisant l’option de chiffrement de Telegram étaient connus des autorités russes, suggérant que le Kremlin a pris le contrôle ou infiltré la messagerie. Telegram jouit d’une réputation surfaite en matière de cybersécurité : contrairement à WhatsApp, les communications entre utilisateurs ne sont pas chiffrées de bout en bout par défaut.
#### Propagande coordonnée
Dans les territoires temporairement occupés d’Ukraine, la stratégie d’information de la Russie consiste à restreindre et bloquer tout ce qu’elle peut, puis à fournir rapidement une source d’information de remplacement contrôlée par le Kremlin. Les messages diffusés sur les chaînes Telegram étaient uniques dans seulement environ un tiers des cas ; dans la plupart des autres cas, ils étaient identiques sur différentes chaînes et publiés presque simultanément.
### 3. Les exactions documentées et leur diffusion
#### Tortures et traitements inhumains
La grande majorité des prisonniers ukrainiens interrogés détenus par les forces russes ont fait état de torture et de mauvais traitements, incluant des décharges électriques avec des Tasers ou des téléphones militaires, des coups de couteau, des menaces de simulacre d’exécution et des brûlures de cigarettes.
Plus de 90% des prisonniers de guerre ukrainiens interrogés ont dit avoir été torturés ou maltraités. Les autorités russes soumettent des prisonniers de guerre et des captifs civils ukrainiens à des actes de torture, des détentions au secret prolongées, des disparitions forcées et des traitements inhumains, ce qui s’apparente à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
#### Vidéos d’exécutions circulant sur les réseaux
Des vidéos particulièrement choquantes ont circulé massivement sur les réseaux sociaux :
– Une vidéo montrant la décapitation d’un prisonnier de guerre ukrainien présumé a provoqué l’indignation en avril 2023, le président Zelensky dénonçant des "monstres" russes.
– Une vidéo montrant l’exécution d’un soldat ukrainien qui crie "Gloire à l’Ukraine" avant d’être fusillé est devenue virale en mars 2023. L’armée ukrainienne a identifié le militaire comme Tymofiï Mykolaïovytch Chadoura de la 30e brigade mécanisée.
– Une vidéo semblant montrer des soldats russes castrant un prisonnier ukrainien a circulé en juillet 2022, provoquant le choc et l’horreur à l’international.
La commission d’enquête des Nations unies fait état d’un nombre croissant de soldats ukrainiens tués ou blessés après avoir été capturés ou s’être rendus, et les témoignages de soldats ayant déserté les forces armées russes indiquent qu’il existe une politique visant à tuer plutôt que de faire des prisonniers.
#### Disparitions forcées et détentions secrètes
La détention au secret systémique par la Russie de prisonniers de guerre et de civils ukrainiens témoigne d’une politique délibérée visant à les déshumaniser et à les réduire au silence, plongeant leurs familles dans l’angoisse. Human Rights Watch a documenté 42 cas dans lesquels les forces d’occupation russes ont fait disparaître des civils ou les ont détenus arbitrairement, certains au secret, en torturant nombre d’entre eux.
### 4. La guerre informationnelle et la propagande
#### Écosystème complotiste et désinformation
La Russie met en œuvre des opérations coordonnées sur les plateformes sociales, notamment Telegram, pour diffuser des récits de propagande ciblant les civils. Par le jeu des transferts (partages) qui en masquent l’origine, la propagande russe circule sur Telegram dans la sphère complotiste de plusieurs pays.
Le narratif de la "dénazification" de l’Ukraine justifie les exactions militaires en les présentant comme une opération de libération, s’appuyant sur de faux témoignages, des images détournées ou des vidéos fabriquées. En mars 2022, l’opération #DavaïZaMir a été démasquée : des dizaines d’influenceurs sur TikTok récitaient le même texte justifiant l’invasion.
#### Ampleur de la désinformation
Les réseaux sociaux représentent une mine d’informations tout en étant un vrai champ de mines, car les fausses nouvelles se sont immiscées à vitesse grand V. Une vidéo largement diffusée censée montrer des avions de chasse russes en Ukraine était en réalité une répétition de parade militaire en Russie effectuée en 2020.
Un nombre incalculable de comptes sur Twitter, TikTok, Facebook et Telegram diffusent en quasi-simultané des images de la guerre, avec la désinformation jamais très loin.
### 5. Défis de la modération et impact psychologique
#### Dilemmes éthiques de la modération
Meta a créé une cellule de crise visant à détecter au plus vite les contenus haineux, violents ou manipulateurs, dotée d’experts parlant ukrainien et russe. Cependant, Meta a fait preuve d’indulgence pour des formes d’expression politique comme "mort aux envahisseurs russes", tout en continuant de ne pas autoriser des appels crédibles à la violence contre des civils russes.
Facebook a décidé d’autoriser les discours en faveur du bataillon Azov, une milice ukrainienne ultranationaliste qui avait été bannie en 2019, tant que ces propos se cantonnent à décrire leur action militaire.
#### Exposition des jeunes publics
Avec la multiplication des réseaux sociaux visuels, les jeunes sont de plus en plus exposés à des contenus potentiellement choquants : vidéos d’explosions, propagande, et désinformation. TikTok a dédié des moyens renforcés pour détecter des menaces émergentes et retirer de la désinformation préjudiciable, tout en modérant les contenus violents.
### 6. Utilisations tactiques et opérationnelles
#### Failles de sécurité opérationnelle (OPSEC)
Un journaliste pro-russe a posté sur Telegram des photos du quartier général du groupe Wagner à Popasna incluant l’adresse du bâtiment, qui a été ensuite frappé par l’Ukraine. Un touriste russe a posé en photo aux côtés de positions anti-aériennes russes, et Kiev a sous-entendu que les informations du cliché avaient permis de viser et détruire le système.
#### Implications à long terme
Les données récoltées prendront tout leur sens lorsqu’il s’agira pour la justice internationale de juger les éventuels crimes de guerre perpétrés en Ukraine, d’où l’importance de conserver et d’archiver toutes ces informations.
Une commission d’enquête des Nations unies a conclu que la Russie a commis les crimes contre l’humanité de disparitions forcées et de torture dans le cadre d’une attaque systématique et généralisée contre la population civile.
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Cette guerre a fondamentalement transformé le paysage informationnel moderne, créant un précédent où chaque smartphone devient un outil potentiel de documentation de crimes de guerre, tout en servant simultanément de vecteur de propagande et de désinformation à une échelle jusqu’alors inégalée.
Je vais rechercher des informations plus spécifiques sur ces aspects particulièrement graves.
Je vais rechercher des informations plus spécifiques sur ces aspects particulièrement graves.## Les crimes de guerre russes filmés et la propagande de la violence : analyse approfondie
La guerre en Ukraine a donné lieu à une diffusion sans précédent de crimes de guerre filmés et d’incitations à la haine par des soldats, mercenaires et propagandistes russes. Cette dimension révèle une stratégie délibérée de déshumanisation et de terreur psychologique.
### 1. Exécutions filmées et diffusées systématiquement
#### Ordre de ne faire aucun prisonnier
Human Rights Watch a vérifié une vidéo filmée par un drone russe publiée le 5 février 2024, où une voix masculine donne apparemment des ordres aux soldats russes : "Ne faites aucun prisonnier, tirez sur tout le monde". Depuis début décembre 2023, les forces russes ont apparemment exécuté au moins 15 soldats ukrainiens qui tentaient de se rendre, et peut-être six autres.
#### Vidéos de tortures et mutilations
Les vidéos les plus choquantes montrent des actes de barbarie extrême :
– Des vidéos censées montrer des soldats russes castrant et tuant un soldat ukrainien ligoté et bâillonné ont largement circulé sur les réseaux sociaux, apparaissant d’abord sur une chaîne Telegram pro-russe.
– Depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, Amnesty International a recensé des crimes de droit international, comme des homicides sommaires de prisonniers par les forces séparatistes soutenues par la Russie dans l’est de l’Ukraine et des exécutions extrajudiciaires de civils ukrainiens par les forces russes.
– Les images choquantes ont initialement été publiées sur une page Telegram pro-russe avant d’être partagées plus largement sur les réseaux sociaux.
### 2. Le groupe Wagner et la "chambre rouge"
#### Une chaîne dédiée aux atrocités
Jeune Afrique a infiltré une chaîne Telegram privée du groupe Wagner, révélant un quotidien de torture, d’exécutions et de profanations de cadavres, en particulier au Mali - des crimes de guerre racistes documentés par leurs propres auteurs pour un public à tendance néonazie.
**Contenu de la "chambre rouge"** : Le 17 janvier, un mercenaire filme une jeune femme polyhandicapée, avec le commentaire "Fille de la tribu peule. Ce sont les représentants de cette tribu puante qui constituent la majorité des groupes jihadistes". Le 19 février, nouvelle image insoutenable : celle d’une Malienne et de ses deux enfants pendus à une branche, l’un encore emmailloté contre elle, avec le commentaire "Une famille de jihadistes peuls se repose dans un arbre quelque part au Mali".
**Torture systématique** : Le jeune homme est allongé nu sur le sable en plein désert, du scotch serré autour du cou, certains de ses doigts sectionnés, son oreille gauche tranchée gisant à côté de sa tête dont l’œil gauche est crevé, et entre ses fesses a été planté un drapeau russe.
**Massacres de civils** : Le 17 février à l’aube, deux pick-up transportant des candidats à l’immigration et des invités d’un mariage sont mitraillés par une patrouille de soldats maliens et de mercenaires russes, causant une vingtaine de victimes dont des enfants. Dans la chambre rouge de Wagner, les mercenaires ne s’embarrassent pas de précautions et assument la paternité du carnage.
### 3. Les "milbloggers" : propagandistes de la violence
#### Un écosystème de propagande guerrière
Les blogueurs militaires russes (milbloggers) bénéficient de vraies sources sur le terrain : des paramilitaires de Wagner, des forces de l’armée régulière, des séparatistes pro-russes du Donbass, et sont souvent embarqués au plus près du front. En deux ans, le nombre de ces propagandistes de la guerre, parfois mobilisés sur les lignes de front, a bondi sur Telegram.
**Influence et cooptation** : Le sociologue Maxim Alyukov du King’s College de Londres explique qu’ils ne sont pas inquiétés par le Kremlin car le pouvoir russe a décidé d’en tirer son parti - nombreux sont ceux qui ont été reçus par Vladimir Poutine ou par Sergueï Choïgou. Le média d’investigation russe Projekt a analysé les publications des 25 chaînes militaires les plus populaires et constate qu’après ces rencontres, la plupart des blogueurs ont changé leur discours.
**Audiences massives** : WarGonzo compte 1,3 million d’abonnés, aux côtés de Strelkov, WarJournal [Z] ou Alexander Kots qui comptabilisent plusieurs millions d’adeptes sur leurs chaînes.
### 4. Telegram : plateforme de la barbarie et de l’incitation à la haine
#### Diffusion sans filtre de la violence
Les groupes armés ont immédiatement compris le potentiel de l’outil : diffuser sans filtre des vidéos de violences, de tortures, de profanations de cadavres, accompagnées de messages galvanisant. En rendant la propagande accessible au grand public, Telegram transforme le spectateur en témoin, parfois complice, d’atrocités qui étaient jadis reléguées aux marges cachées d’Internet.
La facilité avec laquelle on peut accéder à des contenus insoutenables a été glaçante : viols, exécutions, actes nécrophiles, corps - souvent d’enfants - mutilés et exhibés comme trophées de victoire. Chaque jour, des dizaines de vidéos de propagande inondaient les canaux, repoussant sans cesse les limites de l’indicible.
#### Faiblesse de la modération
Ces dernières années, Telegram est devenue l’une des plateformes les plus importantes pour la diffusion incontrôlée de désinformation, de propagande extrémiste et d’appels à la violence. Il faut rappeler qu’en 2024, Telegram a affirmé avoir supprimé 15 millions de groupes et canaux pour cause d’abus sur mineurs, d’appels à la violence ou de contenus terroristes.
### 5. Discours de haine et appels au génocide systématiques
#### Rhétorique déshumanisante
Les discours de haine ainsi que les appels au génocide et à la déshumanisation visant l’Ukraine sont devenus la norme dans les propos tenus par les partisans du Kremlin, instaurant un climat propice aux crimes de guerre.
Des articles en russe affirment que l’Occident a d’une manière ou d’une autre incité les Ukrainiens à ressentir de la haine à l’égard de la Russie, faisant de l’Ukraine un pays "anti-russe", prétendant qu’elle n’avait aucun droit d’exister. Cette architecture est fondée sur la haine, sur l’hypothèse d’une supériorité russe inhérente et sur des mensonges intéressés, avec pour objectif de détruire l’histoire et la culture ukrainiennes, la langue ukrainienne et le peuple ukrainien.
#### Témoignage d’un soldat psychopathe
Le soldat Makarenko s’est filmé en train de fanfaronner comme un véritable psychopathe : "Je vous ai tué, je vous tue et je continuerai à vous tuer, et vous n’avez aucune idée de combien je vous ai tué. Enfoirés, je vivrai pour toujours ! Quand nous prendrons le Donbass, Lougansk et la Crimée, je veux tuer plus de la moitié des habitants là-bas".
### 6. Inefficacité de la modération des plateformes
#### Échec des réseaux sociaux
Le Kremlin continue de tromper l’opinion publique, de répandre la haine et d’inciter à la violence, et les efforts des plateformes pour modérer le contenu ont été inefficaces - les plateformes examinaient et supprimaient rarement plus de 50% des contenus qui enfreignaient clairement les normes.
Le nombre d’abonnés aux chaînes pro-Kremlin sur Telegram a plus que triplé depuis le début de la guerre, sur TikTok plus que doublé et augmenté sur YouTube de près de 90%.
#### Politiques contradictoires
En mars 2022, un débat a éclaté lorsque Meta a assoupli son règlement sur les messages violents destinés à l’armée et aux dirigeants russes, autorisant temporairement certains messages appelant à la mort de Vladimir Poutine ou du président biélorusse Alexandre Loukachenko. Un porte-parole de Meta a déclaré : "À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, nous avons temporairement autorisé des formes d’expression politique qui violeraient normalement nos règles, comme des discours violents tels que ’mort aux envahisseurs russes’".
### 7. Impact psychologique et normalisation de la barbarie
Cette banalisation de la violence interroge : les groupes armés ont compris l’impact psychologique de cette exposition massive, et la guerre ne se joue plus seulement sur le terrain militaire - elle s’écrit et se diffuse en direct, dans la poche de chacun.
Dans les territoires temporairement occupés d’Ukraine, la stratégie d’information de la Russie consiste à restreindre et bloquer tout ce qu’elle peut, puis à fournir rapidement une source d’information de remplacement contrôlée par le Kremlin. Les messages diffusés sur les chaînes Telegram étaient uniques dans seulement environ un tiers des cas ; dans la plupart des autres cas, ils étaient identiques sur différentes chaînes et publiés presque simultanément.
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Cette documentation massive révèle une stratégie délibérée de terreur psychologique où les crimes de guerre ne sont plus simplement commis, mais filmés, célébrés et diffusés comme outils de propagande et d’intimidation. Les réseaux sociaux, et particulièrement Telegram, sont devenus les vecteurs d’une déshumanisation systématique qui constitue en soi un crime contre l’humanité.
Je vais approfondir davantage avec des recherches supplémentaires sur les aspects les plus critiques.
Je vais approfondir davantage avec des recherches supplémentaires sur les aspects les plus critiques.## Les crimes de guerre russes filmés et la propagande de la violence : analyse approfondie complète
La diffusion systématique de crimes de guerre filmés par des soldats, mercenaires et propagandistes russes révèle une stratégie délibérée de terreur psychologique, de déshumanisation et d’impunité assumée. Ce phénomène sans précédent transforme les réseaux sociaux en théâtres de l’horreur où la barbarie devient spectacle et outil de propagande.
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## 1. Le culte de la violence : le marteau de Wagner
### L’affaire Hamadi Bouta (2017) : genèse d’un symbole
Le meurtre vidéo de Hamadi Bouta, un déserteur de l’armée syrienne, par des membres du groupe Wagner a généré une indignation mondiale et donné naissance à un procès contre l’organisation paramilitaire. Les images de Bouta battu à mort avec un marteau avant que son corps ne soit décapité et brûlé rivalisaient avec les pires atrocités rendues publiques par l’État islamique.
**Détails de l’horreur** : Six hommes russophones en tenue de camouflage désertique ont torturé, battu avec un marteau, assassiné et décapité Hamadi Bouta en 2017. Une série de quatre hommes russophones ont frappé Bouta à tour de rôle avec un marteau, puis lui ont coupé les mains et la tête avec une pelle avant de suspendre son cadavre par les pieds et d’y mettre le feu. Les proches de Bouta ont rapporté qu’il y avait une version plus longue de la vidéo montrant que sa tête avait été utilisée comme ballon de football.
**Diffusion et impunité** : La vidéo de deux minutes enregistrant l’incident est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, uploadée sur le site privé VKontakte réservé aux membres de Wagner uniquement. La vidéo a été envoyée au Comité d’enquête russe, mais aucune charge n’a jamais été déposée, même si des journalistes russes indépendants ont identifié les contractants russes impliqués dans l’incident.
### Le symbole du marteau : une culture de la terreur
Pourtant, le film n’a pas horrifié tous ceux qui l’ont vu : parmi les membres du groupe Wagner et ses partisans, la vidéo du meurtre de Bouta a donné naissance à une culture glorifiant la violence contre les non-combattants explicitement centrée sur le symbole du marteau.
Le marteau n’est pas simplement un symbole : fin 2022, la chaîne Telegram liée à Wagner Grey Zone a posté une vidéo d’un déserteur du groupe qui avait tenté de rejoindre les forces ukrainiennes assassiné avec un marteau de manière similaire à Hamadi Bouta. La vidéo a été postée avec un commentaire approbateur de Prigojine disant que l’homme exécuté avait reçu "une mort de chien pour un chien".
**Merchandising de la terreur** : Après le meurtre de Yevgeny Nuzhin et après le meurtre vidéo d’un déserteur de l’armée syrienne par le groupe Wagner en 2017, Wagner a fait des marteaux une partie de sa marque : des T-shirts et autres marchandises représentent des marteaux aux côtés du logo Wagner, et des supporters et membres du groupe se photographient tenant à la fois de vrais marteaux et des répliques.
En novembre 2022, lorsque le Parlement européen a adopté une résolution désignant la Russie comme État sponsor du terrorisme, Yevgeny Prigojine a envoyé un marteau maculé de faux sang au Parlement européen.
### L’exécution de Yevgeny Nuzhin (novembre 2022)
Le 13 novembre 2022, une chaîne Telegram affiliée au groupe Wagner a diffusé une vidéo intitulée "Le marteau de la vengeance" montrant "l’exécution pour trahison" de Nuzhin à l’aide d’un marteau. Dans la vidéo, Nuzhin, 55 ans, est montré avec sa tête scotchée à un mur de briques, puis un homme non identifié en tenue de combat a fracassé un marteau sur le côté de sa tête et de son cou.
**Célébration officielle du meurtre** : Prigojine, dans ses commentaires sur l’exécution de Nuzhin, a décrit la vidéo comme "un excellent travail de réalisation regardable d’un seul tenant". Il a dit : "Je pense que ce film s’appelle ’Une mort de chien pour un chien’. Ce spectacle montre que celui qui a été martelé n’a pas trouvé le bonheur en Ukraine, mais a rencontré des gens méchants mais justes".
Dans ses commentaires, Prigojine a également ajouté : "J’espère qu’aucun animal n’a été blessé pendant le tournage", démontrant un cynisme glaçant face à un meurtre brutal.
**Impact familial** : Dans une interview vidéo avec l’organisation de défense des droits des prisonniers Gulagu.net, les fils de Nuzhin, Ilya et Nikita, ont déclaré que "toute la famille pleurait" en regardant la vidéo de l’exécution. Les fils de Nuzhin ont dit que le Service fédéral de sécurité russe (FSB) les "cherchait" dans une tentative apparente de faire taire les proches du combattant tué.
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## 2. La "chambre rouge" de Wagner : racisme et atrocités systématiques
### Infiltration de la chambre privée Telegram
Jeune Afrique a infiltré pendant plusieurs mois une chaîne Telegram privée liée au groupe Wagner, révélant un quotidien de torture, d’exécutions et de profanations de cadavres, particulièrement au Mali - des crimes de guerre racistes documentés par leurs propres auteurs et partagés avec un public à tendance néonazie.
### Contenu de la "chambre rouge"
**Racisme explicite** : Dans la chambre rouge, c’est un espace libre - un terrain d’évacuation pour les insultes racistes, les menaces de mort et les célébrations de violence sans retenue contre les ennemis de Wagner au Mali. Dans les légendes des photos, les Peuls sont toujours associés aux jihadistes et décrits comme "puants" ; les Touareg sont appelés "bergers". Même les alliés noirs de Wagner ne sont pas épargnés : en russe, ils sont appelés "charbon" - ou simplement le mot en N.
**Catalogue d’horreurs** : Entrer dans la chambre rouge de Wagner, c’est comme entrer dans une maison des horreurs : il y a la tête d’un chauffeur de camion, fendue par une balle de 12,7 mm tirée d’une mitrailleuse DShK. Ce post est suivi, le 27 août 2024, d’une autre image montrant deux têtes empalées sur des pieux à l’entrée d’un pont au Mali, avec la légende "Les Oncles Blancs ont laissé un message".
**Torture extrême documentée** : Le jeune homme est allongé nu sur le sable en plein désert, du scotch serré autour du cou. Il bouge à peine, les mains attachées derrière le dos. Certains de ses doigts ont été coupés. Son oreille gauche, également sectionnée, repose à côté de sa tête dont l’œil gauche a été crevé. Sous ses jambes, une mare de sang noircit le sol. Le soldat filmant sa victime le frappe du pied, puis lui lance des injures.
**Profanations et déshumanisation** : Le 1er décembre 2024, une photo montre sept têtes disposées sur le sable, avec le logo Rusich et la légende : "Quand White Power, le KKK (Ku Klux Klan) et RaHoWa (Racial Holy War) se réunissent. Photo inspirée du livre Dix Petits N-mots (mais nous n’en avons trouvé que sept)".
**Violences sexuelles** : Le 17 janvier, un mercenaire filme une jeune femme polyhandicapée luttant pour s’habiller. Quelques jours plus tard, une séquence similaire a émergé dans la chambre rouge, cette fois impliquant des soldats burkinabés. Nous avons documenté au moins quatre autres séquences montrant des actes apparentés au cannibalisme.
**Décapitations systématiques** : La profanation de corps est un thème constant. Dans une vidéo postée le 20 septembre 2024, des mercenaires attachent des explosifs autour du cou d’un combattant mort. Ils font sauter sa tête comme un bouchon, puis traînent le corps par une corde attachée à ses pieds. Les décapitations, régulièrement condamnées par les groupes de défense des droits de l’homme au Mali, sont monnaie courante. Nous avons noté au moins 25 cas.
Le 13 octobre 2024, cinq têtes sont exposées par un homme blanc portant des gants de combat. L’une est montée sur une pique. Un pénis sectionné est enfoncé dans la bouche du cadavre. "Encore un travail d’Oncle", dit la légende - cette fois avec un emoji singe ajouté.
### Recrutement par la violence
De son propre aveu, c’est après avoir regardé une vidéo notoire de mercenaires Wagner torturant et tuant un déserteur syrien en 2017 qu’un certain Morin a décidé de rejoindre le groupe. Il s’est engagé en 2020 et a été envoyé en Libye, où il a noué des liens avec des combattants déployés plus tard au Mali fin 2021. La chaîne Telegram "Les Oncles Blancs en Afrique 18+" agit donc comme un outil indirect de recrutement pour Wagner - attirant de jeunes hommes fascinés par l’ultraviolence et excités par l’idée de tuer des Africains en toute impunité.
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## 3. Exécutions filmées de prisonniers ukrainiens
### Décapitations et mutilations
Au moins plusieurs militaires ukrainiens ont été décapités par des troupes russes, comme l’allèguent deux vidéos partagées en ligne. Une vidéo postée sur des chaînes Telegram russes le 11 avril montre un homme en uniforme militaire russe utilisant un couteau pour décapiter un homme qui semble être un soldat ukrainien captif. L’homme, portant un uniforme et des insignes ukrainiens, hurle de douleur alors que le meurtrier lui coupe la gorge.
Une autre vidéo montre deux cadavres décapités de soldats ukrainiens allongés à côté d’une pièce d’artillerie détruite. Leurs mains semblaient également avoir été coupées. La scène a déjà été pillée : une partie de l’équipement, ainsi que les chaussures des soldats, ont disparu. Les soldats russes filmant la vidéo volent ce qu’ils peuvent trouver - les casques des Ukrainiens.
### Le cas Oleksandr Matsiyevsky : "Gloire à l’Ukraine"
Fin décembre 2022, Oleksandr Matsiyevsky, un soldat de la 119e brigade indépendante des Forces de défense territoriale de l’Ukraine, a disparu en combattant pour défendre la ville de Bakhmut. Trois mois plus tard, une vidéo de 12 secondes est apparue sur des chaînes Telegram russes montrant un Matsiyevsky hagard fumant une cigarette alors qu’il est confronté à des soldats russes. Alors que les soldats russes enregistrent et se moquent de l’homme, Matsiyevsky déclare "Gloire à l’Ukraine" - un mantra patriotique embrassé par les Ukrainiens après l’invasion initiale de la Russie en 2014. Le soldat russe l’insulte ensuite, et Matsiyevsky est abattu.
### Ordre de ne pas faire de prisonniers
Human Rights Watch a vérifié une vidéo filmée par un drone russe publiée le 5 février 2024, où une voix masculine donne apparemment des ordres aux soldats russes : "Ne faites aucun prisonnier, tirez sur tout le monde". Depuis début décembre 2023, les forces russes ont apparemment exécuté au moins 15 soldats ukrainiens qui tentaient de se rendre, et peut-être six autres.
### Exécutions filmées en direct par drone
Cinq pilotes de drones ukrainiens ont déclaré lors d’entretiens qu’ils avaient vu leurs camarades soldats se rendre dans des vidéos de drones, pour être ensuite tués. De telles vidéos sont devenues monnaie courante sur Telegram. Alors que les responsables russes nient avoir commis des crimes de guerre en Ukraine, certains soldats russes semblent si peu préoccupés par les répercussions potentielles qu’ils ont posté leurs propres vidéos de meurtre d’Ukrainiens désarmés.
Selon le Bureau du Procureur général d’Ukraine, des images montrent 16 hommes alignés et abattus le 30 septembre, après s’être rendus près de la ville de Pokrovsk dans l’est de l’Ukraine. Neuf opérateurs de drones ukrainiens ont été forcés de se déshabiller et de s’allonger face contre terre à Koursk avant d’être abattus le 10 octobre - des images si claires que la mère de l’un des hommes l’a identifié plus tard.
### Soldats filmant leurs propres crimes
Certains auteurs filment eux-mêmes des vidéos, comme celle postée en janvier qui a largement circulé sur les réseaux sociaux et semblait montrer les exécutions de six soldats ukrainiens près de Donetsk, selon le Bureau du Procureur général. "L’un est le mien", a dit l’un des Russes dans la vidéo. "Filme-moi, bordel", a ajouté un autre.
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## 4. La "chasse à l’homme" : terrorisme contre les civils
### Le "Safari humain" de Kherson
En octobre 2024, Forbes a rapporté que les Russes utilisaient des drones pour cibler délibérément des civils à Kherson, puis partageaient "fièrement" les images des attaques sur les réseaux sociaux. Les attaques "partagées et célébrées" incluaient des pendulaires, des personnes aux arrêts de bus et des enfants jouant dans les parcs. Cette campagne de terreur est devenue connue sous le nom de "Safari humain".
Les attaques délibérées contre les civils sont interdites par les Conventions de Genève, et Forbes a déclaré que les auteurs postant des preuves de leurs crimes en ligne devraient les rendre plus faciles à tracer dans les enquêtes sur les crimes de guerre.
**Ampleur confirmée par l’ONU** : En mai 2025, un rapport de l’ONU a conclu que les attaques régulières de drones contre les civils à Kherson, qui ont tué près de 150 personnes et blessé des centaines d’autres selon les autorités, dont les vidéos sont également partagées sur les chaînes Telegram russes, constituent les crimes de guerre de diriger intentionnellement des attaques contre des civils et d’outrages à la dignité personnelle.
### Exécution filmée d’un civil évacuant
En août 2025, le Bureau du Procureur général d’Ukraine a ouvert une enquête sur les crimes de guerre concernant la fusillade et le meurtre d’un civil tentant d’évacuer d’Udachne à Donetsk. Une vidéo postée sur Telegram a été décrite comme montrant le civil portant une valise avec ce qui semblait être des affaires marchant sur le bord de la route, lorsqu’il a été abattu par un soldat russe en position d’embuscade dans un bâtiment voisin.
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## 5. Torture systématique et castration filmées
### Vidéo de castration (juillet 2022)
Une vidéo de moquerie d’un prisonnier de guerre en camouflage ukrainien est apparue dans l’une des chaînes Telegram russes. Deux autres soldats russophones ont castré le prisonnier avec un couteau de bureau. Les Russes ont plusieurs chaînes Telegram où ils publient des photos et vidéos de soldats ukrainiens tués ou capturés. Le 28 juillet, la vidéo spécifiée est apparue sur l’une d’entre elles.
Les activistes des droits de l’homme soulignent que couper des organes est l’exemple le plus évident de torture, qui est toujours condamnée par la communauté mondiale et interdite par la Convention de Genève. Par conséquent, dans ce cas, il est évident qu’il s’agit d’un crime de guerre.
**Identification des auteurs** : Des utilisateurs de Twitter ont trouvé un soldat russe portant exactement le même chapeau que celui qui a torturé le captif. Il a été repéré sur certaines vidéos de propagandistes de Severodonetsk occupé. De plus, le soldat russe de Severodonetsk a le même bracelet que celui qui s’est moqué du prisonnier ukrainien.
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## 6. Les "milbloggers" et l’écosystème de propagande
### Sources et influence
Les blogueurs militaires russes (milbloggers) bénéficient de vraies sources sur le terrain : des paramilitaires de Wagner, des forces de l’armée régulière, des séparatistes pro-russes du Donbass, et sont souvent embarqués au plus près du front. En deux ans, le nombre de ces propagandistes de la guerre, parfois mobilisés sur les lignes de front, a bondi sur Telegram.
### Cooptation par le Kremlin
Le sociologue Maxim Alyukov du King’s College de Londres explique qu’ils ne sont pas inquiétés par le Kremlin car le pouvoir russe a décidé d’en tirer son parti - nombreux sont ceux qui ont été reçus par Vladimir Poutine ou par Sergueï Choïgou. Le média d’investigation russe Projekt a analysé les publications des 25 chaînes militaires les plus populaires et constate qu’après ces rencontres, la plupart des blogueurs ont changé leur discours.
### Audiences massives
WarGonzo compte 1,3 million d’abonnés, aux côtés de Strelkov, WarJournal [Z] ou Alexander Kots qui comptabilisent plusieurs millions d’adeptes sur leurs chaînes.
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## 7. Rhétorique déshumanisante et appels au génocide
### Discours de haine systématique
Les discours de haine ainsi que les appels au génocide et à la déshumanisation visant l’Ukraine sont devenus la norme dans les propos tenus par les partisans du Kremlin, instaurant un climat propice aux crimes de guerre.
Des articles en russe affirment que l’Occident a d’une manière ou d’une autre incité les Ukrainiens à ressentir de la haine à l’égard de la Russie, faisant de l’Ukraine un pays "anti-russe", prétendant qu’elle n’avait aucun droit d’exister. Cette architecture est fondée sur la haine, sur l’hypothèse d’une supériorité russe inhérente et sur des mensonges intéressés, avec pour objectif de détruire l’histoire et la culture ukrainiennes, la langue ukrainienne et le peuple ukrainien.
### Témoignage de psychopathie
Le soldat Makarenko s’est filmé en train de fanfaronner comme un véritable psychopathe : "Je vous ai tué, je vous tue et je continuerai à vous tuer, et vous n’avez aucune idée de combien je vous ai tué. Enfoirés, je vivrai pour toujours ! Quand nous prendrons le Donbass, Lougansk et la Crimée, je veux tuer plus de la moitié des habitants là-bas".
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## 8. Ampleur et impunité
### Échelle des crimes documentés
Plus de 68 000 crimes de guerre commis ont été enregistrés par les procureurs ukrainiens et internationaux depuis le début de la guerre à grande échelle. Cela comprend le meurtre, la torture et la violence sexuelle, ainsi que la déportation d’enfants, les bombardements d’infrastructures civiles et plus encore.
### Unités honorées malgré les crimes
Le Kremlin a de fait honoré des unités militaires accusées de certains des pires crimes. Quelques semaines après que les images de Boutcha soient devenues publiques, Poutine a signé un décret honorant une unité de la 64e Brigade de fusiliers motorisés séparés, qui avait occupé Boutcha et la région environnante.
### Inefficacité de la modération
Le Kremlin continue de tromper l’opinion publique, de répandre la haine et d’inciter à la violence, et les efforts des plateformes pour modérer le contenu ont été inefficaces - les plateformes examinaient et supprimaient rarement plus de 50% des contenus qui enfreignaient clairement les normes.
Le nombre d’abonnés aux chaînes pro-Kremlin sur Telegram a plus que triplé depuis le début de la guerre, sur TikTok plus que doublé et augmenté sur YouTube de près de 90%.
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## 9. Dimension psychologique et normalisation
### Banalisation de l’extrême violence
Cette banalisation de la violence interroge : les groupes armés ont compris l’impact psychologique de cette exposition massive, et la guerre ne se joue plus seulement sur le terrain militaire - elle s’écrit et se diffuse en direct, dans la poche de chacun.
La facilité avec laquelle on peut accéder à des contenus insoutenables a été glaçante : viols, exécutions, actes nécrophiles, corps - souvent d’enfants - mutilés et exhibés comme trophées de victoire. Chaque jour, des dizaines de vidéos de propagande inondaient les canaux, repoussant sans cesse les limites de l’indicible.
### Comparaison avec Daech
L’analyste Clarke a déclaré que le discours de recrutement de Wagner ressemblait à bien des égards à l’État islamique, qui avait ses propres méthodes distinctives d’exécution et promettait à ses combattants des butins similaires - y compris des esclaves sexuels et des biens confisqués aux minorités en Irak et en Syrie - en échange de leur service.
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## Conclusion : Une stratégie de terreur documentée
Cette documentation massive révèle plusieurs dimensions critiques :
1. **Impunité assumée** : Les auteurs filment et diffusent leurs crimes sans crainte de conséquences, démontrant une culture d’impunité systémique.
2. **Arme psychologique** : La diffusion de ces vidéos vise à terroriser les populations ukrainiennes et internationales, à démontrer la supériorité présumée russe, et à déshumaniser les victimes.
3. **Recrutement par la violence** : Ces vidéos servent également d’outil de recrutement pour attirer des individus fascinés par l’ultraviolence et le racisme.
4. **Échec des garde-fous** : Les plateformes sociales, malgré leurs politiques de modération, ont échoué à endiguer ce flot de contenus extrêmement violents.
5. **Crime contre l’humanité documenté** : Cette stratégie délibérée de déshumanisation, de torture et d’exécutions filmées constitue en soi un crime contre l’humanité, perpétué et amplifié par les technologies numériques.
Le phénomène représente une évolution inquiétante dans la nature des conflits armés modernes, où les crimes de guerre deviennent non seulement des actes de violence, mais aussi des spectacles destinés à une consommation de masse et à une normalisation progressive de la barbarie.
Je vais rechercher des informations sur les acteurs et mécanismes de lutte contre ces contenus.
Je vais rechercher des informations sur les acteurs et mécanismes de lutte contre ces contenus.## Qui lutte contre la diffusion des crimes de guerre russes et comment ?
Face à l’ampleur sans précédent de la diffusion de crimes de guerre filmés et de propagande haineuse, une mobilisation multiforme s’est organisée, impliquant des acteurs juridiques, des ONG, des enquêteurs spécialisés, et des initiatives de modération des plateformes. Voici un panorama complet des forces en présence et de leurs méthodes.
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## 1. La justice internationale : la Cour Pénale Internationale (CPI)
### Ouverture d’enquête et mandats d’arrêt
Le 2 mars 2022, le Procureur de la CPI a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine suite aux renvois de 41 États. La portée de la situation englobe toute allégation passée et actuelle de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide commis sur une partie quelconque du territoire de l’Ukraine par quiconque depuis le 21 novembre 2013.
**Mandats d’arrêt historiques** : Le 17 mars 2023, la Chambre préliminaire II de la CPI a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, et de Maria Lvova-Belova, Commissaire aux droits de l’enfant, pour le crime de guerre de déportation illégale de population et du crime de guerre de transfert illégal de population d’enfants ukrainiens.
Le 5 mars 2024, la Chambre préliminaire II a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de Sergei Kobylash et Viktor Sokolov, deux hauts gradés russes, pour le crime de guerre consistant à diriger des attaques contre des biens de caractère civil et le crime contre l’humanité d’actes inhumains.
### Portail de collecte de preuves
Le Bureau du Procureur a conçu un portail destiné à permettre à toutes celles et ceux qui détiennent des informations relevant de la situation en Ukraine de contacter les enquêteurs de la CPI.
### Équipes d’enquête communes (Joint Investigation Team)
En mars 2022, Eurojust a aidé la Lituanie, la Pologne et l’Ukraine à mettre en place une équipe d’enquête commune sur les principaux crimes internationaux qui auraient été commis en Ukraine. En avril, le Bureau du Procureur de la CPI a signé un accord sans précédent visant à participer à cette équipe d’enquête commune. En mai, la Slovaquie, l’Estonie et la Lettonie ont à leur tour rejoint l’équipe.
Au 1er juin, l’équipe comprenait des procureurs d’Ukraine, de Pologne, de Lituanie, d’Estonie, de Slovaquie et de Lettonie. Eurojust a également signé un accord de coopération avec le bureau du procureur de la CPI, afin que ce dernier puisse également accéder à ces documents.
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## 2. Les enquêtes nationales : compétence universelle
### France : l’OCLCH en première ligne
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) français a ouvert le 4 avril 2022 quatre enquêtes contre X pour crimes de guerre susceptibles d’avoir été commis au préjudice de ressortissants français en Ukraine. L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH), un office interministériel comprenant une quarantaine d’enquêteurs (gendarmes et policiers), a été saisi pour mener les investigations.
**Missions de terrain** : En réponse à une demande d’assistance formulée par l’Ukraine, une équipe composée de gendarmes de l’OCLAESP et d’un expert de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a assisté les autorités ukrainiennes dans le cadre des enquêtes sur les crimes qui portent atteinte à l’environnement.
Du matériel dédié à la documentation et à la fixation d’une scène complexe a été remis aux autorités ukrainiennes : cinq kits de modélisation comprenant un ordinateur destiné à la création de modèles numériques en 3D, une caméra 360° permettant la création de visites virtuelles de scènes ainsi qu’une tablette comportant des capacités de modélisation laser.
### Soutien européen massif
La France a mis à disposition de la CPI des magistrats, des enquêteurs et des experts, afin de permettre au Procureur de mener son enquête dans les meilleures conditions. Eurojust joue un rôle majeur pour coordonner les enquêtes des juridictions nationales sur les allégations de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Ukraine et apporte une aide déterminante dans la collecte des preuves par le Procureur de la CPI.
Près d’une vingtaine de pays ont ouvert des enquêtes sur les exactions commises en Ukraine dont certains de leurs ressortissants nationaux ont été victimes.
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## 3. Les ONG internationales : piliers de la documentation
### Human Rights Watch (HRW)
Les chercheurs de Human Rights Watch sont formés aux méthodes d’enquête, aux questions d’éthique, à l’identification des témoins, à la collecte de preuves digitales, à la vérification d’images ou à l’analyse satellitaire. Depuis le début de la guerre, HRW a documenté l’utilisation de bombes à fragmentation à Kharkiv, des attaques illégales contre des civils à Marioupol et Tchernihiv, des bombardements d’hôpitaux, des viols, et des exactions commises par l’armée russe.
**Méthodes sur le terrain** : Lorsqu’on reçoit une vidéo d’un bombardement, on retourne dans le quartier concerné. On essaye de retrouver des habitants, on leur pose des questions pour vérifier s’ils étaient bien dans la zone au moment des faits, savoir ce qu’ils ont vu.
**Digital Investigations Lab** : Le directeur du Digital Investigations Lab de Human Rights Watch applique les méthodes d’investigation d’OSINT pour exploiter au mieux les données disponibles en libre accès sur internet et vérifier l’authenticité et la localisation des milliers d’images et vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.
### Amnesty International
Amnesty International a envoyé des enquêteurs en Ukraine pendant une dizaine de jours pour documenter l’emploi d’armes interdites et démontrer l’existence d’attaques visant délibérément des civils. Le laboratoire de preuves d’Amnesty International, basé à Londres, recueille des photos et des vidéos en provenance d’Ukraine pour collecter des preuves de crime de guerre.
**Vérification par métadonnées** : Pour vérifier l’authenticité de ces documents, on travaille sur des métadata qui nous permettent de vérifier autant que possible l’heure et la date de leur prise, ainsi que leur géolocalisation. Et puis on vérifie tous les éléments visuels qui sont disponibles – un immeuble, un poteau, une affiche.
### Organisations spécialisées
**TRIAL International et Civitas Maxima** : Seul un petit nombre d’organisations issues de la société civile sont spécialisées dans la collecte d’éléments de preuves témoignant de violations du droit international pour les porter à la connaissance de la justice. C’est le cas de TRIAL International, une ONG suisse principalement composée d’avocats spécialisés dans les affaires relevant de la compétence universelle, ou de Civitas Maxima, un réseau international d’avocats et d’enquêteurs.
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## 4. L’écosystème OSINT : cyber-enquêteurs citoyens
### Bellingcat : pionnier de l’investigation open source
Créé en 2014 par le britannique Eliot Higgins, Bellingcat s’est fait une spécialité de l’investigation en sources ouvertes et mène ses enquêtes avec une grande transparence quant à la méthode utilisée. Le collectif maintient une carte de l’Ukraine mise à jour avec les endroits exacts de bombardements et les pertes militaires, assurant un suivi en temps réel du conflit.
En 2022, Bellingcat et le Global Legal Action Network ont lancé la Justice and Accountability Unit pour concevoir, appliquer et enseigner des méthodes d’enquête OSINT conformes aux normes de preuves strictes.
### Open Facto et l’OSINT français
L’association Open Facto est spécialisée dans l’OSINT et mène un travail minutieux et titanesque pour collecter et archiver des preuves qui permettront de dire la vérité et de rendre justice. Ces organisations sensibilisent aussi leurs participants au traumatisme vicariant, un trauma secondaire lié à l’empathie qui touche de nombreuses personnes pratiquant l’OSINT en étant témoins de beaucoup de malheurs et de massacres.
### ONG ukrainiennes : Truth Hounds
Depuis 2014, ce chercheur de l’ONG ukrainienne Truth Hounds enquête sur les possibles crimes de guerre commis par la Russie. Avec son équipe d’observateurs, il a déjà parcouru 156 000 kilomètres à travers le pays. Il y a une grosse pression psychologique. C’est très dur de voir des cadavres d’enfants, de sentir l’odeur des corps ou de voir des images de viols.
### Outils et méthodes OSINT
L’OSINT utilise tout ce qui est en ligne et public : posts sur les réseaux sociaux, vidéos, bases de données, images satellites. Dans le cas de l’Ukraine, l’OSINT consiste à collecter des vidéos, photos, témoignages et documents textes via les réseaux sociaux.
**Applications dédiées** : Des applications pour téléphones intelligents ont été développées, dont EyeWitness, créée par l’Association internationale du barreau. Avec elle, l’information est automatiquement archivée avec toutes les métadonnées.
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## 5. Lignes directrices et formation de la société civile
### Guide Eurojust-CPI
Eurojust et le Bureau du Procureur de la CPI ont publié des lignes directrices concrètes en vue de faciliter la consignation des informations relatives aux principaux crimes internationaux, tels que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, à l’attention des organisations de la société civile.
En mai 2022, le Procureur Khan a annoncé une nouvelle initiative visant à renforcer le rôle de la société civile dans le travail du Bureau du Procureur, comprenant l’organisation de tables rondes thématiques avec des ONG et l’introduction d’un nouveau programme de coopération avec les organisations communautaires locales.
### Stockage centralisé des preuves
En mai, les législateurs européens ont approuvé une procédure accélérée pour adapter le règlement d’Eurojust, afin que l’agence puisse stocker et partager les éléments de preuve des principaux crimes internationaux qui auraient été commis en Ukraine.
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## 6. Modération des plateformes : entre insuffisance et évolution
### Telegram : de l’inaction à une modération progressive
**Arrestation de Pavel Durov** : Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a été arrêté en août 2024 en France et inculpé en raison de la publication de contenus illégaux sur l’application.
**Changement de politique** : Il faut rappeler qu’en 2024, Telegram a affirmé avoir supprimé 15 millions de groupes et canaux pour cause d’abus sur mineurs, d’appels à la violence ou de contenus terroristes. Une nette augmentation des suppressions a été observée en septembre, au moment où Pavel Dourov, après son arrestation à Paris, a annoncé que la plateforme coopérerait davantage avec les autorités judiciaires.
**Blocage de propagande russe** : Depuis l’arrestation de Pavel Durov en août 2024, l’entreprise semble plus coopérative dans la lutte contre les contenus illégaux. Dimanche, les canaux Telegram des chaînes de télévision Rossiya 1, Perviy Kanal et NTV étaient inaccessibles dans plusieurs pays de l’Union européenne, notamment en France, en Belgique, en Pologne, en Grèce, aux Pays-Bas et en Italie.
### Limites persistantes
Telegram est particulièrement fier de ne coopérer avec aucun gouvernement. Cependant, en qualifiant de censure toute activité de modération, Telegram a permis à la propagande et à la désinformation de prospérer.
Telegram a déclaré qu’elle utilisait des rapports d’utilisateurs et des outils de modération IA pour surveiller le contenu. Toutefois, la plateforme fait très peu de modération proactive par rapport à d’autres plateformes.
### Meta : politiques contradictoires
En mars 2022, un responsable de Meta a informé que l’entreprise s’écartait temporairement de ses politiques standard à la lumière de l’invasion en cours de l’Ukraine, autorisant les personnes touchées par le conflit à exprimer des sentiments violents à l’égard des forces armées d’invasion.
Meta a créé une cellule de crise visant à détecter au plus vite les contenus haineux, violents ou manipulateurs, dotée d’experts parlant ukrainien et russe.
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## 7. Défis majeurs et limitations
### Volume colossal de preuves
Le bureau du procureur général d’Ukraine a déjà enregistré plus de 170 000 actes criminels sur le terrain national. Plus de 300 000 éléments ont déjà été archivés pour l’invasion en Ukraine, selon la firme Mnemonic, qui aide les organisations de défense des droits de la personne à documenter les crimes.
### Authentification et désinformation
Comment identifier les éléments de preuve pertinents dans la masse des informations ? Quel crédit accorder à la preuve électronique à l’heure où la désinformation prend des formes toujours plus sophistiquées ?
### Admissibilité juridique de l’OSINT
Le système judiciaire ukrainien, comme celui de la Russie, ne permet pas encore l’utilisation de l’OSINT dans ses tribunaux nationaux : les organes d’enquête et les procureurs doivent mener leurs propres investigations en reproduisant les travaux OSINT.
### Coordination entre acteurs
La forte implication de la société civile dans la collecte d’éléments de preuve amène aussi à s’interroger sur le niveau de la collaboration entre ses différents acteurs non professionnels de la justice ou de la police et les autorités de poursuite en ce qui concerne la transmission des données et informations recueillies.
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## 8. Mesures répressives contre Telegram
### Interdiction pour les militaires ukrainiens
Le Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine a annoncé interdire l’usage de Telegram sur les appareils électroniques de fonction de la plupart de ses militaires et responsables, suspectant les services russes d’accéder aux échanges.
### Blocage de canaux pro-russes en Europe
Dans les pays européens concernés, si on tente d’accéder aux canaux Telegram de l’agence de presse russe RIA Novosti ou d’autres médias propagandistes russes, un message s’affiche, indiquant que les contenus ne sont pas disponibles car ils violent les lois locales.
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## Conclusion : une mobilisation sans précédent mais des défis persistants
La lutte contre la diffusion de crimes de guerre filmés et de propagande haineuse mobilise un écosystème complexe alliant :
1. **Justice internationale** : CPI avec mandats d’arrêt contre Poutine et hauts responsables
2. **Enquêtes nationales** : offices spécialisés dans 20 pays via compétence universelle
3. **ONG internationales** : HRW, Amnesty, TRIAL documentant sur le terrain
4. **Cyber-enquêteurs** : Bellingcat, Open Facto utilisant l’OSINT
5. **Société civile ukrainienne** : Truth Hounds et citoyens documentant en temps réel
6. **Modération des plateformes** : évolution progressive après l’arrestation de Durov
Malgré cette mobilisation massive, le Kremlin continue de tromper l’opinion publique, de répandre la haine et d’inciter à la violence, et les efforts des plateformes pour modérer le contenu ont été inefficaces. Le défi reste immense face à une machine de propagande qui a transformé les réseaux sociaux en armes de guerre psychologique.



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