Drew Karpyshyn est encore dans le coin
par
popularité : 5%
Une bonne surprise en passant sur le site de The Old Republic aujourd’hui :
une nouvelle de Drew Karpyshyn publiée le 17 novembre 2016 !
Drew Karpyshyn est le scénariste phare de BioWare qui a élaboré les trames et les univers de Baldur’s Gate II, Star Wars : Knights of the Old Republic, Jade Empire, Mass Effect, Star Wars : The Old Republic et on lui doit aussi des romans SW comme la Trilogie Dark Bane, Revan et Annihilation.
_
L’espoir d’une mère.
Senya serra les dents en entamant sa descente ; l’atmosphère polluée d’Ord Mantell était propice aux turbulences. Elle serra fort les commandes et lutta pour stabiliser la navette prise de spasmes métalliques.
Une note perçante s’éleva depuis l’arrière de l’appareil : dans la baie médicale improvisée, les diverses machines branchées au corps inconscient d’Arcann protestaient contre le soudain remue-ménage. Senya pilotait l’engin sans ménagement, ce qui amplifiait d’autant plus les secousses. Mais plus ils resteraient dans les airs, plus ils auraient de chances de se faire repérer par les capteurs terrestres. Les habitants d’Ord Mantell avaient beau ne pas porter dans leur cœur la nouvelle Impératrice du Trône éternel, la récompense conséquente qu’offrait Vaylin pour la capture de sa mère avait de quoi faire basculer la loyauté de certains.
La mince lueur nocturne éclairait à peine la surface de la planète, mais Senya savait où aller. Elle pianota les coordonnées et fit atterrir la navette sans encombre à quelques kilomètres de sa destination. Parcourir le reste du trajet à pied pouvait sembler un brin exagéré, mais les enjeux étaient trop élevés pour prendre des risques superflus. Elle examina une dernière fois son fils endormi, s’assura de la stabilité de ses fonctions vitales et veilla à ce qu’aucun tube ni aucun câble relié à son corps ne soit tombé. Satisfaite de constater que tout était en place malgré l’agitation de l’atterrissage, elle descendit de la navette et la verrouilla derrière elle.
Le simple fait de venir sur Ord Mantell représentait un risque, mais elle s’était résignée à l’assumer. Elle avait fait de son mieux pour s’occuper de son fils, mais les blessures d’Arcann dépassaient de loin ses compétences de soin. Faute de trouver une aide plus qualifiée, il ne tarderait pas à succomber.
Senya manquait cruellement d’alliés. Elle avait tourné le dos à l’Alliance et trahi l’Étranger pour le bien de son fils. Sans compter que Vaylin employait toutes les ressources de Zakel et de l’Empire éternel à la poursuivre. Pourtant, un rayon d’espoir inattendu avait filtré dans cet obscur tableau : les Descendants. Éparpillés et forcés à se cacher depuis la mort de leur chef, les visionnaires autrefois à la tête de l’Empire éternel l’avaient contactée.
Au départ, Senya craignait qu’on lui joue un mauvais tour. Au cours de son règne, Arcann avait traqué les Descendants jusqu’à les menacer d’extinction.
Cependant, ces derniers se laissaient uniquement guider par leurs visions et prophéties et non par la vengeance. Ils tenaient à ce que l’Empereur détrôné vive et pensaient qu’il avait encore un rôle à remplir. Elle n’avait pas demandé aux Descendants le destin qu’ils prévoyaient pour Arcann... peut-être qu’elle ne voulait même pas le savoir. Seule la survie de son fils comptait à ses yeux, et elle était désespérément à court d’options. Ainsi, quand les Descendants lui avaient conseillé de se rendre sur Ord Mantell, elle les avait écoutés.
Toutefois, elle ne rencontrerait pas les Descendants directement. Ils étaient trop prudents —trop vulnérables— pour risquer de s’exposer. Senya avait rendez-vous avec ses homologues. La grande majorité des Chevaliers de Zakel étaient restés fidèles au Trône éternel, malgré la nouvelle dirigeante. Mais en raison de leur violent passé avec Vaylin, certains n’étaient pas prêts à lui prêter allégeance. Ils craignaient de voir l’Impératrice dissoudre, voire détruire, leur ordre.
Ces hommes et ces femmes qui osaient se dresser face à la nouvelle Impératrice, comme l’expliquaient les Descendants dans leur message, incarnaient désormais le meilleur espoir de Senya. Ils disposaient de réserves et d’équipement médicaux qu’elle ne pouvait se procurer, ainsi que des experts sachant en faire usage. Ils respectaient Senya. Elle avait livré bataille aux côtés de la plupart d’entre eux ; les autres étaient au courant de ses prouesses. Si elle parvenait à les convaincre de l’aider, d’aider Arcann...
Ils m’écouteront. Il le faudra bien.
La nuit était obscure ; d’épais nuages marronâtres voilaient les lunes jumelles d’Ord Mantell. La seule source lumineuse provenait de sa pique sabre laser, faible lueur bleue parvenant tout juste à percer les ténèbres sur un mètre.
Elle avançait à pas lents et précautionneux ; la couche de terre épaisse, bosselée, crissait doucement sous ses bottes alors qu’elle s’enfonçait dans l’impénétrable pénombre. D’après les coordonnées qu’on lui avait fournies, elle savait qu’elle touchait au but. Mais quelque chose ne collait pas. Il n’y avait aucune trace de campement : ni lumière vacillante au loin, ni bruissements d’une quelconque activité ni sentinelles venant interroger la visiteuse.
Senya fit appel à la Force et sonda prudemment les ténèbres alentour. Elle ne sentit rien d’alarmant, mais ses tâtonnements étaient gauches et inadaptés : elle s’était principalement entraînée à utiliser la Force au combat.
Les sens à présent sur le qui-vive, elle avança sans bruit jusqu’à mettre le pied dans une petite flaque. Le clapotis net fut accompagné de l’odeur piquante, presque métallique, du rhydonium. Les émanations nauséabondes du carburant accrurent son malaise, et ses doigts se crispèrent un peu plus sur le manche de la pique.
Elle fit encore un pas et aperçut quelque chose par terre... une silhouette sombre, difforme, à peine visible à la lueur de sa pique luminescente. Elle orienta son arme vers le sol, révélant un bras arraché. Elle reconnut le gantelet de métal qui l’entourait, ayant elle-même porté la même armure pendant plusieurs décennies. Quelques pas plus loin, elle trouva le reste du corps allongé sur le ventre, les membres restants pliés selon des angles anormaux.
S’armant de courage contre la frayeur qui la gagnait, elle poursuivit sa route. Le deuxième corps se trouvait à peine quelques mètres plus loin, mais à cause de l’obscurité opaque, elle ne le remarqua qu’une fois arrivée dessus. Contrairement à la première dépouille, celle-ci était sur le dos. À la timide lueur de son arme, elle distingua clairement la grimaçante expression de pure terreur gravée sur son visage.
Bien qu’elle ne le reconnût pas, Senya sentit une proximité avec le guerrier à terre. Elle avait elle-même appartenu aux Chevaliers de Zakel, ils étaient des frères et des sœurs. Elle avait appris, vécu et combattu à leurs côtés.
Doucement, Senya fit un cercle encore plus large dans les ténèbres. Des flaques de rhydonium parsemaient le sol, petits miroirs reflétant la lueur de sa pique et révélant de nouveaux cadavres mutilés de chevaliers vaincus. Elle était venue à leur campement pour de l’aide, sûre qu’ils ne rejetteraient pas l’une d’entre eux. À présent, ils étaient morts, leurs dépouilles abimées et éparpillées... et Senya savait que c’était sa faute.
Il ne s’agissait pas d’une coïncidence. Approcher les chevaliers rebelles avait attiré l’attention de Vaylin. Elle avait leur sang sur les mains. Mais elle n’aurait pas le luxe de culpabiliser. Pas si elle tenait à sauver son fils. Il était temps d’y aller, il n’y avait plus rien pour elle en ces lieux.
Un léger bruit de flaque lui fit brusquement tourner la tête. Elle s’avança d’un pas vers le bruissement, tendant l’extrémité de la pique pour y voir plus clair. Dans le faible halo, elle distingua quelque chose qu’elle reconnut immédiatement : un jouet d’enfant sculpté à la main jeté négligemment, abandonné dans la terre.
En entendant des pas rapides dans sa direction, elle se mit sur ses gardes. Une silhouette familière apparut dans la pénombre, les mains illuminées par des gerbes d’énergie crépitante. Vaylin projeta ses doigts en avant, enflammant d’une étincelle la nappe de rhydonium devant elle. Bondissant d’une flaque à l’autre, le feu serpenta le long du terrain accidenté et traça des zigzags qui embrasèrent la nuit.
Tandis que les flammes se répandaient, Senya put enfin observer l’atroce massacre que Vaylin avait perpétré dans le campement. Des dizaines de chevaliers aux corps déchiquetés, écartelés, avaient été dispersés de façon désordonnée parmi les carcasses de navettes et de vaisseaux en pièces. L’étendue du carnage, terrible démonstration de ce dont sa fille était capable, lui glaça le sang.
Senya brandit son arme et se la fit aussitôt arracher des mains par la Force, sans la moindre résistance. La pique flotta dix mètres dans les airs jusqu’à la portée de Vaylin.
Elle pourrait me broyer le crâne en un clin d’œil, réalisa Senya, et je ne pourrais rien faire pour l’en empêcher !
Mais lorsque Vaylin la chargea en levant la pique laser dérobée, elle sut que cela n’arriverait pas : sa fille se réservait le plaisir viscéral de la découper au combat.
À l’aide de la Force, Senya fit venir à elle le sabre de l’un des chevaliers morts et s’en saisit pour repousser l’assaut. Les lames lumineuses s’entrechoquèrent dans un formidable grésillement, et l’espace d’un instant, les deux combattantes restèrent face à face, à seulement quelques centimètres l’une de l’autre, encerclées par les flammes oranges qui se propageaient à toute vitesse dans le campement.
Senya se tenait assez près pour fixer Vaylin droit dans les yeux. Il y brûlait une haine sauvage, irrépressible ; l’enfant qui se blottissait autrefois contre sa mère avait définitivement disparu. Choquée par la profonde méchanceté qu’affichait sa fille, Senya dut détourner le regard. En une fraction de seconde, Vaylin se baissa et balaya vivement le sol avec sa pique afin de trancher les jambes de sa mère. Mais Senya s’était déjà éclipsée à l’aide d’une gracieuse pirouette arrière, atterrissant en position défensive pour contrer la prochaine attaque de Vaylin.
"On a peur de venir m’affronter, Mère ?" demanda Vaylin dans un sourire narquois. Les langues de feu tout autour lui projetaient des ombres étranges, fuyantes, sur le visage.
Au lieu de répondre, Senya se prépara en silence pour la charge suivante, confiante en ses propres aptitudes. Elles s’étaient déjà battues une fois et Senya avait eu le dessus : sa fille était certes plus forte dans la Force, mais Senya avait passé d’innombrables années à maîtriser l’art du combat au corps à corps. Si Vaylin tenait à l’affronter, le dénouement ne ferait aucun doute.
Comme prévu, Vaylin lui fonça dessus avec une fureur acharnée. La pique tourbillonnait en fouettant l’air, véritable instrument de mort entre ses mains agiles. Senya repoussa la première série de coups, détournant chacun d’entre eux avec des contres subtils et des gestes ralentissant le furieux élan de Vaylin. Puis elle passa en posture offensive, répliquant avec son propre enchaînement de frappes rapides dont le but n’était pas de tuer, mais de faire perdre du terrain à sa fille, l’empêcher de se stabiliser afin qu’elle batte constamment en retraite.
Mais au lieu de reculer, Vaylin rétorqua par un nouvel assaut enragé, forçant Senya à adopter de nouveau une posture défensive. Surprise, l’aînée trébucha en arrière et plongea sur le côté tandis que la pique effleurait sa joue, suffisamment près pour qu’elle sente la chaleur de la lame lumineuse. Celle-ci accrocha son épaule, lui arrachant un petit bout d’armure.
Le coup suivant faillit l’amputer sous le genou, mais elle replia son pied au tout dernier moment. Elle avait beau avoir sauvé son mollet, elle était déséquilibrée et en position vulnérable. Vaylin bondit vers sa mère en agitant son arme ; elle compensait ce qui lui manquait en technique par une vivacité et une agressivité prodigieuses.
Les réflexes et instincts acquis au cours d’une trentaine d’années aidèrent Senya à éviter les coups mortels... de justesse. Elle se précipita vers la gauche, plongeant à travers l’un des murs de flammes déchaînées sillonnant le campement.
Elle est plus forte, maintenant. Plus rapide. Plus confiante.
Mais il subsistait des failles dans la forme de Vaylin. À présent qu’elle avait jaugé son adversaire, Senya voyait de minuscules imperfections dont elle pouvait profiter.
Sa fille franchit à son tour le mur de feu les séparant et lança une nouvelle charge. Elle précipitait l’action et cherchait à submerger Senya pour la tuer le plus vite possible. Durant la rafale de coups, Senya inclina l’extrémité de son sabre laser, laissant une brève ouverture. Comme prévu, Vaylin profita de cette soudaine opportunité. Mais Senya était prête ; anticipant la prochaine frappe de sa fille, elle fit un pas de côté et s’approcha suffisamment pour lui lancer un coup de coude dans la poitrine, la faisant ainsi tituber en arrière.
Vaylin se stabilisa juste à temps pour ne pas tomber dans les flammes. Folle de rage, elle se jeta à nouveau sur sa mère, redoublant d’efforts. Senya continua à feinter et à provoquer son adversaire, retournant son agressivité contre elle afin de contrôler le duel. Elle sentait la frustration de sa fille enfler à mesure que le combat se prolongeait : ses attaques étaient de plus en plus désespérées, de plus en plus acharnées. Régulièrement, Vaylin entrevoyait l’opportunité de porter un coup fatal, avant que son insaisissable ennemie ne la prive de ce plaisir.
L’épuisement commençait à se faire sentir. La vitesse forcenée de Vaylin diminuait peu à peu sous l’effet de ses muscles endoloris. Elle s’agitait dans tous les sens, l’air de moins en moins assuré. Les deux combattantes étaient à bout de souffle, mais contrairement à sa fille, Senya avait fait en sorte de garder quelques forces en réserve.
"Tu te bats encore en te laissant pousser par tes émotions" grogna Senya en parant un nouveau coup, espérant qu’il restait un peu de sa fille dans la bête sauvage en face d’elle. "Ça te brouille l’esprit."
"Tu parles comme SCORPION" siffla Vaylin, moulinant dans les airs là où sa cible se tenait encore il y a une fraction de seconde. "Toujours à prôner la logique et la raison."
"C’est de là que tu tiens tes ordres, désormais ?" lança Senya. "D’une machine ?"
Vaylin fit un mouvement du poignet, propulsant Senya contre la coque de l’une des nombreuses épaves qui jonchaient le campement. Senya s’effondra par terre, momentanément étourdie.
"SCORPION n’est pas l’Impératrice !" rugit Vaylin en marchant à grands pas vers son adversaire allongée. "Elle commande la flotte GEMINI, mais tous répondent à mes ordres. Je règne sur le Trône éternel !"
Secouant la tête pour s’éclaircir les idées, Senya se redressa sur un genou. À quelques mètres de chaque côté brûlaient des murs de flammes jumeaux, dont la fumée âcre lui piquait les yeux et les narines.
Elle ne peut pas me battre au corps à corps, mais elle pourrait me tuer à sa convenance. Elle joue avec moi depuis le début.
"Pourquoi tu tiens autant à ce trône ?" demanda-t-elle à sa fille, essayant encore de la raisonner.
La question immobilisa brièvement Vaylin, laissant à Senya assez de temps pour se remettre debout.
"Ton frère a toujours voulu être Empereur" poursuivit Senya. "Mais à l’époque, ça ne te faisait ni chaud ni froid."
"Zakel a besoin d’un chef solide" articula lentement Vaylin. "Et le trône m’appartient, de par mon sang et de par la loi."
"On dirait les paroles de SCORPION" dit Senya, "mais je ne crois pas que tu en aies vraiment envie".
Pendant quelques secondes, Vaylin ne répondit rien. Seul le craquement des flammes venait troubler le silence.
"Vous savez de quoi j’ai envie, mère... vous tuer !"
Vaylin leva sa pique comme une lance afin d’empaler Senya contre la carlingue de l’épave. Mais Senya anticipa son geste et roula sur le côté. La lame trancha les plaques de métal et s’enfonça profondément dans le flanc de l’appareil.
Une plainte stridente s’éleva, tel un cri : le bruit du liquide de refroidissement pressurisé s’échappant d’un hyperpropulseur perforé. Senya eut juste le temps de réaliser ce qu’il s’était produit avant que l’hyperpropulseur endommagé explose.
Elle revint à elle au bout de quelques secondes, désorientée, les oreilles bourdonnantes. Le souffle l’avait projetée à une vingtaine de mètres ; des copeaux du métal fondus, déformés provenant de la coque du vaisseau jonchaient le sol autour d’elle. Puisant dans ses forces pour se redresser sur le ventre, Senya tourna la tête à droite et à gauche à la recherche de Vaylin. Elle ne vit que la fumée et les flammes ; ces dernières s’étaient étendues jusqu’à avaler le campement tout entier.
Arcann !
Tant bien que mal, Senya se releva et se mit à courir maladroitement en direction de son vaisseau et de son fils. À mesure que les flammes s’éloignaient dans son dos, elle recouvra ses esprits. Elle pensa un bref instant aux chevaliers morts, consumés dans leur campement transformé en bûcher funéraire. Ils avaient risqué leur vie pour lui venir en aide et Vaylin les avait tous massacrés.
Elle et Arcann se retrouvaient à nouveau seuls. Aucun allié. Nulle part où aller. Mais elle était encore en vie... curieusement.
L’explosion aurait dû me réduire en miettes.
Sa survie ne pouvait s’expliquer que d’une seule manière. Vaylin avait dû se servir de la Force pour les protéger toutes les deux de la déflagration.
Mais dans quel but ? Pour me tuer plus tard de ses propres mains ? Ou alors, voulait-elle seulement sauver sa peau, et je me serais accidentellement trouvée assez près pour que son bouclier m’englobe ? Et où était passée Vaylin ?
Elle savait que sa fille était toujours en vie ; elle aurait ressenti sa mort à un certain niveau. Malgré la protection de la Force, l’explosion aurait été assez puissante pour désorienter et affaiblir Vaylin. Vulnérable et craignant pour sa vie, elle avait probablement pris la fuite.
Ou peut-être qu’elle est toujours là. Peut-être que je la conduis droit vers Arcann !
Senya ralentit son allure, bien qu’elle se trouva déjà près de la navette. Sa fille la détestait, elle l’avait vu dans son regard. Mais que ressentait-elle à l’égard de son frère, si tant est qu’elle puisse ressentir quoi que ce soit ?
Et si elle vient l’achever, puis-je seulement l’arrêter ?
Elle n’avait toujours pas trouvé de réponse au moment où elle arriva à la navette, aussi sombre et silencieuse que lors de son départ. Elle saisit le code d’accès et la rampe d’embarquement se déploya. Après avoir regardé une dernière fois par-dessus son épaule, Senya monta rapidement dans l’appareil, verrouillant la porte derrière elle.
L’éclairage intérieur était tamisé, mais contrastait franchement avec les ténèbres de la nuit. Son fils n’avait pas bougé depuis qu’elle l’avait quitté, toujours inconscient sur le lit, entouré d’un amas de tubes, de câbles et de machines le gardant en vie.
Senya se pencha vers lui et lui caressa doucement le front. Sous ses doigts, elle sentit la fièvre toujours aussi intense, aussi brûlante que les flammes ayant consumé le campement des chevaliers.
"Je trouverai bien un moyen de te sauver", murmura-t-elle en rabaissant sa main.
Elle s’installa aux manettes et lança les moteurs. Une seconde plus tard, la navette fonçait à travers les cieux, s’engouffrant dans l’obscurité.
Commentaires