Nouvelle "Voir rouge"
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Je m’appelle Jay et je suis chez BioWare depuis l’époque de Neverwinter Nights. Les 12 dernières années ont été consacrées à l’écriture pour le développement des jeux, en commençant par la fin de Mass Effect 2. Il y a environ un an et demi, j’ai sauté sur l’occasion de travailler avec la talentueuse équipe de SWTOR à Austin. et je n’ai pas regardé en arrière.
Pour un enfant qui a grandi en jouant avec des figurines Star Wars, cela a été un immense privilège d’ajouter quelques-unes de mes propres histoires au vaste univers de Star Wars. Deux de mes nouveaux personnages préférés - Jekiah et Rass Ordo - ont été introduits dans la zone litigieuse Esprit de Vengeance.
Mais les ennuis n’ont jamais laissé un Ordo seul très longtemps. Laissé pour superviser les Mandaloriens après que Shae Vizla soit partie en chasse du perfide maréchal Heta Kol, Jekiah fait face à sa première crise lorsqu’un conflit entre deux clans devient sanglant dans la nouvelle "Voir rouge".
Je espère que vous l’apprécierez.
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Je suis encore en retard. Jek va me tuer.
Rass Ordo n’était plus qu’à quelques pas de l’entrée du "Cover Fire", une cantina très prisée qu’il fréquentait avec son frère Jekiah depuis des années. Quand Jekiah n’était pas en mission, il passait le plus clair de son temps dans cet établissement, où il venait quasiment toujours à la même heure, commandait toujours les mêmes types de plats et côtoyait toujours les mêmes personnes. C’était la cantina officieuse des guerriers. Des pros du blaster et des lames venus dépenser leurs crédits. Tout, des affiches déchirées à l’enseigne suspendue en passant par l’épaisse porte en bois, avait la couleur rouillée du sang séché, exposé depuis des années aux vents du désert qui soufflaient sur les dunes de sable rouge entourant le campement. Rass n’était pas né sur Geonosis, mais il y vivait depuis suffisamment longtemps pour que ses couchers de soleil embrasés et ses nombreuses lunes lui manquent lorsque son travail l’amenait sur d’autres mondes.
Il tira sur la poignée en cuivre teintée de rouge. La lourde porte en chêne ne parvenait pas à étouffer le vacarme qui régnait à l’intérieur. La porte s’ouvrit dans un grincement aigu. Il fut aussitôt saisi par l’odeur épicée de la nourriture qui cuisait et de la bière et noyé dans le brouhaha des soldats en permission.
Il pénétra à l’intérieur, plissant les yeux dans la faible lumière. Les habitués le saluèrent bruyamment. Rass les salua de la main, un grand sourire aux lèvres. S’attendant à une remontée de bretelles méritée de la part de son frère ainé, il se fraya rapidement un chemin entre les tables, saluant les clients d’un signe de tête, d’un mot ou d’une tape dans le dos, pour rejoindre son coin habituel. Jekiah était plongé dans son bloc de données, concentré, le visage grave. Il avait l’air fatigué. Rass sentit sa poitrine se serrer. Les choses avaient changé pour Jekiah. Victime de ses talents et de son obstination alors que tout était contre lui, Jekiah s’était fait remarquer par les dirigeants. Shae Vizla, la chef des Mandaloriens, était sur la piste d’un rival dangereux et avait nommé Jekiah au poste d’arbitre. Son frère parlait désormais en son nom pour tout ce qui concernait les affaires mandaloriennes. Un grand honneur, ou comme l’avait observé Jekiah : "Un sacré emmerdement".
Jekiah était resté sur Geonosis pour gérer les opérations quotidiennes, préférant se tenir à distance du siège du pouvoir de Mandalore pour bien faire comprendre au peuple qu’il n’était pas Shae Vizla et qu’il n’avait aucune vue sur son titre. Rass ne pensait pas que ce soit nécessaire, mais Jekiah était un soldat loyal et il n’hésiterait pas à prendre des coups pour la bonne cause. Aujourd’hui, il n’était plus un simple soldat, mais dans cette cantina bruyante située sur une planète poussiéreuse, les clients lui faisaient le plus grand des compliments en ignorant ouvertement son nouveau statut et en continuant à le considérer comme un des leurs.
"Pas de leçon de morale ?" demanda Rass, en élevant la voix pour couvrir le bruit tandis qu’il s’asseyait. Jetant un œil sur le bloc de données, il ajouta : "Les nouvelles ne doivent pas être bonnes." Il croisa le regard du barman pour commander deux verres.
"Encore un mort. Le troisième cette semaine", répondit Jekiah.
Les Mandaloriens vivaient rarement en paix et cette période ne faisait pas exception. Jekiah baissa son écran en tirant sur sa barbe, qui était plus grisonnante que brune ces derniers temps. Les Mandaloriens se battaient. C’était leur mode de vie, et Rass en était fier. "On n’aiguise pas une lame si on n’a pas l’intention de l’utiliser", répétait souvent son frère. Les verres furent servis sans cérémonie. Rass en repoussa un.
"Qu’est-ce qui ne va pas ?"
"Le clan Shale a de nouveau été attaqué. Il avait à peine terminé sa formation." Jekiah lui fit passer le bloc de données. Il ne pouvait pas se résoudre à regarder à nouveau le corps.
"Les Nerak ?" Mais Rass connaissait déjà la réponse. Le clan Nerak n’hésitait pas à faire couler le sang pour se faire entendre. Rass regarda l’écran. C’étaient eux.
"C’est fort probable. Ils ne savent pas s’arrêter."
"Quel gâchis." Jekiah prit une gorgée pour ravaler sa frustration.
Le clan Nerak était jeune d’après les standards Mandaloriens, efficace mais assez commun, cherchant encore son identité. Alors quand son ancien chef s’était moqué d’un arriviste impulsif du nom de Ballag et qu’il fut tué sur-le-champ, certains dirent qu’il s’agissait d’un véritable défi, mais d’autres l’apparentèrent à un meurtre. Ballag devint le chef du clan, mais sa réputation était entachée. Il avait un problème avec le fait de paraître faible.
Ballag commença à provoquer des bagarres et à répandre du sang pour prouver sa force. Le dernier affrontement en date, c’était avec le clan Shale. Il s’agissait d’un clan ancien et respecté, avec assez de trophées et de gloire pour le prouver.
Le corps affiché à l’écran méritait une mort meilleure avec un ennemi meilleur.
"Tu t’attendais à quoi, avec Ballag aux commandes ?" lui lança Rass. "Il va épuiser les Nerak, à force", reprit-il d’un ton moqueur. Il n’aimait pas Ballag. Trop têtu pour diriger, trop stupide pour le voir.
"J’ai parlé à Arla Shale", l’informa Jekiah. "J’ai combattu avec elle lors de l’assaut sur Darvannis. Elle est forte, mais elle refuse de laisser son peuple se faire traiter comme ça. Ils ne vont pas en rester là. On n’a pas fini de voir des cadavres. En l’absence de Mandalore, nous devons rester unis."
"Que comptes-tu faire ?"
"Les contacter. Il faut qu’on se parle."
"Un duel ?" demanda Arla, sans que son visage, marqué par l’âge et les blessures, ne trahisse la moindre émotion. Après un instant de réflexion, elle fit un signe de tête à Jekiah. "Je m’en remets à la décision de l’arbitre." Il n’y avait aucune peur dans ses yeux, seulement de la certitude.
Ballag hésitait. Il dominait tout le monde d’une tête. Ses yeux d’un jaune étrange allaient de Jekiah à Arla, un signe discret qui trahissait son malaise. Arla était expérimentée. Elle n’était peut-être pas plus rapide ni plus forte que lui, mais Ballag aurait été stupide de la considérer comme une cible facile. Arla haussa un sourcil devant son hésitation.
"D’accord", souffla-t-il en bombant le torse. Rass eut envie de lever les yeux aux ciel, mais il se retint. Cela allait permettre de résoudre le problème. Peut-être. Rass faisait confiance à Jekiah, mais il n’était pas convaincu du succès de l’entreprise. Il s’était passé trop de choses et les plaies étaient trop profondes.
"Bien", acquiesça Jekiah. "Mais avant que je n’officialise tout cela, il y a une autre condition." Ses yeux brillaient tels deux fragments d’obsidienne. "Si l’un d’entre vous est vaincu", commença-t-il lentement en observant chaque chef, "lui et son clan seront détruits. Pas de pitié, pas d’exceptions."
"Comment ?" s’exclamèrent simultanément Ballag et Rass. Rass fit un pas vers Jekiah, l’incrédulité perçant dans sa voix.
"Jek… ?"
Devant le regard de Jekiah, Rass se figea. Ce n’était pas son frère. Pas celui avec lequel il avait vécu mille aventures, des combats de lutte au centre d’entraînement aux séances de voltige dans un speeder volé stationné sans surveillance derrière la place du marché. C’était l’arbitre des Mandaloriens. Sa parole faisait loi.
"On ne peut pas détruire un clan comme ça !" insista Ballag. Son indignation était légitime, mais à ce moment-là, elle paraissait bien faible.
"Soit vous acceptez ce duel, soit vous arrêtez de vous battre", déclara Jekiah.
"D’accord", dit Arla. Elle restait impassible, mais il y avait quelque chose sur son visage. De la méfiance et autre chose... De l’amusement ? Il y avait quelque chose entre Jekiah et elle. Rass n’arrivait pas à savoir quoi.
Cette chose indéfinissable faisait enrager Ballag. Des tâches rouges commencèrent à apparaître. Il lui jeta un regard assassin.
"Alors ?" Le visage de Jekiah était impassible.
Le jeune homme serra les poings, un rictus aux lèvres. "Haar’chak !" jura-t-il. "D’accord !" lâcha-t-il en tournant les talons et en partant d’un pas furieux. Arla fit un signe à Jekiah et le suivit, la porte se refermant derrière eux dans un fracas.
"Les clans ne vont pas aimer ça. Pas du tout. Qu’as-tu fait ?"
Jekiah lui lança un regard stoïque. "J’ai pris une décision."
L’arène. Aussi éloignée des grandes salles d’Aldérande et des fards de Nar Shaddaa qu’un lieu puisse l’être. Aucune décoration ou presque ne venait adoucir la brutalité de la pierre. Ce n’était pas un lieu de divertissement comme les ignobles fosses mortelles des Hutts. C’était un lieu fait pour régler les différends entre guerriers.
Le sol de l’arène était un mélange de terre compacte, de sable rouge et de gravier qui écorchait la peau et blessait les pieds de ceux qui n’étaient pas assez concentrés. C’était un bon endroit pour se battre et un endroit convenable pour mourir. Depuis des siècles, ses murs gris résistaient stoïquement aux bruits du combat. Il n’y avait aucun siège pour les spectateurs, rien n’était fait pour s’y sentir à l’aise. Lorsque les autres se battaient, vous restiez debout. L’assemblée criait, entrechoquant armes et armures dans une transe chaotique en attendant que l’affrontement commence.
Un cor retentit. Un instrument fabriqué dans un os prélevé sur une créature ancestrale pour indiquer le début du combat pour l’honneur. La foule répondit par un hurlement tonitruant. Jekiah Ordo, arbitre des Mandaloriens, apparut à l’extrémité de l’arène. L’éclat discret d’un mur de boucliers s’éleva dans les airs pour s’assurer qu’aucun spectateur ne serait blessé ni tenté d’intervenir. Dans l’arène, tous les jugements étaient définitifs.
Jekiah commença à avancer. La clameur diminuait à chacun de ses pas. Lorsqu’il atteignit le centre, il s’arrêta pour observer la foule. Un silence absolu régnait. Ils désapprouvent, pensa Rass en contemplant l’arène depuis le haut des tribunes. Plus que cela, ils sont furieux. Bien sûr, tous avaient entendu dire que le sang coulerait encore plus après la désignation du vainqueur. Depuis que Mandalore l’Innocenté avait, une génération plus tôt, ordonné l’extermination du clan Cadera parce qu’il refusait de lui obéir, personne n’avait pris de mesure aussi impitoyable. Rass avait parlé plusieurs fois à son frère au cours des derniers jours, mais Jekiah refusait de céder. Les chefs de ces deux clans allaient se battre. Le vainqueur s’en irait et le perdant et tous ses partisans mourraient. Jekiah se tenait immobile au centre. Il fit un signe de la tête.
Ballag du clan Nerak et Arla Shale du clan Shale entrèrent dans l’arène depuis des côtés opposés. Ballag arborait des trophées à la ceinture, des peaux, des fourrures et des os des monstres qu’il avait affrontés. Il portait un bouclier rond hérissé de lames au poignet et un redoutable fusil à mitraille sur l’épaule. Il fit un signe de tête à la foule, levant prématurément les bras en l’air en signe de victoire. Arla n’avait pas de décorations, si ce n’est l’usure de son armure et un long fusil muni à son extrémité d’une baïonnette aiguisée. Elle ne quittait pas son adversaire des yeux.
Un fracas métallique s’éleva parmi la foule. Le bruit devint de plus en plus fort tandis que chacun frappait le sol, un plastron ou deux armes l’une contre l’autre. Ils honoreraient les combattants, à défaut d’honorer l’homme à qui ils devaient leur présence ici.
Les Mandaloriens des clans opposés se tenaient de part et d’autre de l’arène. L’enjeu dépassait de loin ce seul affrontement. Rass remarqua qu’il manquait une partie du clan Nerak. Peut-être n’avaient-ils pas confiance en leur chef et avaient-ils décidé de prendre la fuite. Les lâches. Ils devaient soutenir leur chef ou s’en choisir un nouveau.
Jekiah leva une main ouverte. Le tumulte cessa. Un éclair bleu jaillit de son jetpack et il s’éleva dans les airs, la main toujours ouverte. Tous les yeux étaient braqués sur lui. Il regarda Ballag qui hocha la tête, se frappa le torse et lança un cri de guerre. Il regarda Arla, qui agita son fusil et hocha la tête. Jekiah ferma le poing.
Ballag se propulsa en avant, son jetpack enflammé. Arla fit un pas de côté pour l’éviter, mais il balança son bouclier et asséna un coup sur son plastron et son casque, la renversant. Une petite éclaboussure disparut dans le sable rouge. La foule applaudit. Première giclée de sang. C’était ce qu’il voulait faire, se dit Rass. Sa vie, son clan tout entier, sont en jeu, et il veut amuser la galerie ? Ballag avait de nouveau levé les mains alors que Rass regardait Arla se relever avec peine. L’attaque avait fait plus de dégâts qu’il n’y paraissait. S’appuyant lourdement sur son fusil, elle se préparait pour la suite. Ballag chargea. Cette fois, il la toucha et la poussa en arrière, manquant de la faire tomber à nouveau. En se posant, il pointa son fusil à mitraille, mais elle le dévia avec son fusil au moment même où il faisait feu dans un bruit assourdissant. Arla décrivit un arc rapide avec son arme, jusqu’à planter la crosse de son fusil dans le casque de Ballag et lui asséner un coup violent sur la tête. Elle s’apprêtait à l’atteindre avec sa baïonnette, mais Ballag esquiva l’attaque. Abandonnant son fusil à mitraille, il sortit délicatement un long couteau cranté attaché à sa jambe. Il le leva, agitant sa lame tel un serpent.
Par sa force et sa vitesse, Ballag était imbattable au combat rapproché. Il accentua la pression en alternant mouvements amples et petits coups. Arla peinait à repousser les attaques, utilisant son long fusil comme bâton. Seul le bruit du métal heurtant le métal s’élevait au-dessus de la clameur de la foule. Arla se défendait. Elle ne gaspillait pas son énergie et ne faisait que des mouvements strictement nécessaires. Elle empêchait Ballag de réussir, mais sa défense mesurée ne lui permettrait pas de remporter ce combat.
Une autre esquive. Ballag lança un juron et fit un pas en arrière, faisant tournoyer la dague dans sa main. Arla brandit son fusil devant elle. Elle avait une demi-dizaine d’entailles sur les mains et le torse et elle commençait à chanceler. Ballag hurla et fit de nouveau tournoyer sa dague, attirant son regard. Il se jeta en avant, activa son jetpack à la dernière seconde et se retourna pour la frapper avec son bouclier. Le sang gicla. Arla s’effondra au sol, une main sur la gorge, l’autre sur son fusil pour s’appuyer. La foule bondit, se pressant contre le bouclier. Un chant rythmé commença lentement à monter tandis que Ballag s’élevait dans les airs, poussant des cris de victoire. Arla s’accrochait fermement à son fusil, pesant dessus de tout son poids, sans parvenir à se relever. Rass regarda son frère, le cœur battant à tout rompre. Jekiah observait la scène depuis son promontoire, le poing toujours fermé.
Ballag reprit sa dague pour le coup fatal. Une autre étincelle de son jetpack et il fondit sur Arla, son arme étincelant.
Alors que quelques centimètres seulement les séparaient, Arla fit pivoter son fusil, sa crosse déjà fermement plantée dans le sol, et dirigea la baïonnette vers le torse de Ballag, enfonçant son extrémité dans l’épaule de ce dernier. Ballag hurla et se mit à cracher du sang. Ce n’était pas un coup fatal, mais un coup suffisant pour en finir. Arla s’empara de la dague qui glissait des mains de Ballag. Il ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois en état de choc. Arla se tenait debout, toute trace de sa faiblesse passée effacée. Ses blessures au cou et sur le reste du corps saignaient, mais elles étaient beaucoup moins graves qu’on ne l’aurait cru. Ballag voulut empoigner le fusil de son adversaire, mais il n’avait plus aucune force.
Arla leva la dague de Ballag en l’air. Inversa sa prise. La foule s’était tue. Elle scruta son clan pendant quelques secondes. Elle fit un signe de la tête avant de tourner son regard vers le clan Nerak, qui se tenait assis en silence de l’autre côté de l’arène. Certains étaient dévastés, d’autres en colère, d’autres encore avaient accepté leur sort et attendaient. Elle baissa la dague au niveau de la gorge de Ballag. Appuyant sa lame crantée contre sa peau nue. Il tressaillit, les yeux brillant de haine et de peur. Jekiah s’était rapproché, mais il ne disait rien.
"Match nul", dit calmement Arla.
Jekiah se posa à côté d’elle. Les témoins assez proches pour entendre commencèrent à murmurer. "Match nul, arbitre", répéta-t-elle, plus fort cette fois.
Les murmures se mirent à enfler dans la foule. Pendant quelques instants, Jekiah regarda Arla et un Ballag impuissant.
"Je déclare le match nul !" annonça Jekiah, sa voix résonnant aux quatre coins de l’arène. La foule se mit à crier. Rass ne savait pas si c’étaient des cris de colère ou de surprise. Sûrement les deux. Jekiah se tourna vers Ballag, qui perdait beaucoup de sang. "Est-ce qu’on a un d’accord ?"
Ballag serra les dents. Le combat continuait en lui, se mêlant à la mare de sang rouge. Il acquiesça.
"Ce duel est terminé." Il leva le poing et l’ouvrit pour que tout le monde puisse le voir.
Arla lança la dague au loin avant de retourner vers son clan. Le claquement des armes contre le métal était assourdissant.
Ballag saisit sa dague de ses doigts engourdis. Le clan Nerak ne faisait pas un bruit.
Pas de bavardages sur le trottoir, aujourd’hui. Rass allait y arriver.
Il tourna à l’angle de la rue. Jekiah était là, devant la cantina, les yeux rivés sur son bloc de données.
"Jek ?"
Il leva les yeux. "Rass. Tu es à l’heure. Hum. Je devrais m’inquiéter ?" demanda Jekiah. Il avait les yeux brillants. Un spectacle rare, mais bienvenu.
"Pas de circulation. Quoi de neuf ?"
"Le clan Nerak s’est trouvé un nouveau chef."
"Tu m’étonnes !" répondit Rass avec un sourire en coin. "Et le clan Shale ?"
"Ils sont forts", acquiesça Jekiah. "Arla est une excellente guerrière. Tu sais, j’ai combattu à ses côtés une fois."
"Tu me l’as déjà dit, oui", confirma Rass, un sourire aux lèvres. Il se rapprocha et ajouta à voix basse : "Tu as pris un sacré risque, Jek."
Jekiah acquiesça, le regard soudain plus sombre. Rass lui donna une tape sur l’épaule. "Allons-y."
"Rass..." Jekiah l’arrêta, la main sur la porte. "Je me suis dit qu’on pourrait essayer la cantina en haut de la rue. Histoire de changer un peu."
"Quoi ? Pourquoi ?" Rass commença à ouvrir la porte.
"Rass." Son ton était doux, mais il maintenait la porte fermée. "Laissons-les manger." Jekiah retira sa main de la porte, la poussière rouge tournoyant autour d’eux. "Allez, viens ! C’est moi qui régale."
Les bruits familiers étouffés provenant de l’intérieur étaient forts et rassurants, mais Rass retira sa main de la porte et les deux frères se mirent à remonter la rue en silence.
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