Azavel - une fanfiction de Morglaz : chapitre 3
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Morglaz nous partage le troisième chapitre de la fanfiction mettant en scène ses personnages :
le Chapitre 1 est disponible ici
le Chapitre 2 : ici
Orbite d’Aldérande, cargo l’Insondable
Le réveil est pâteux pour tout le monde. Ça va faire des mois que l’équipage ne vit que de travaux en deçà de ses habituelles tâches. Cette fois ne déroge pas à la règle. Aven’Za’Ash et son nouveau bras droit, Ailein, qui a troqué son manteau frappé de la griffe de Czerka contre des vêtements de toile blanche et un casque aux contours à la fois doux et intrigants, doivent descendre sur Aldérande pour débarrasser une ferme éolienne de nuisibles. En effet, une troupe de chiens Kath a été dérangée par l’arrivée de nouveaux nids Killiks et a dû migrer, mais trop près de la ferme éolienne. Désormais, non seulement ils représentent un danger, pouvant détruire les installations, mais aussi prendre les habitants pour proies. Aven’Za’Ash, pour gagner sa croûte, et surtout, ne pas mourir d’ennui, a accepté le travail. De la dératisation…
Za’Ash et Ailein, accompagnés du Kaleesh, qui s’occupe de garder les armes et autre matériel nécessaire à l’opération, quittent l’Insondable, laissé aux bons soins de Jack. Une fois sur Aldérande, le trio entreprend un voyage assez long et ardu pour parvenir, enfin, à la ferme éolienne. Elle se situe sur un plateau, assez haut, sur la montagne, là où les vents sont les plus forts, et s’engouffrent entre les cimes des monts. Les fermes éoliennes sont des lieux dans lesquels les conditions de travail sont difficiles : Constamment exposées au vent, souvent loin de la civilisation, les exploitations rassemblent généralement des groupes d’ouvriers dont les moyens financiers sont proches du néant. L’énergie éolienne fait pourtant partie des sources de travail les plus importantes sur Aldérande, avec les cultures agricoles. L’endroit est parfait pour ça : De vastes plaines où établir des champs interminables, des montagnes pour s’élever sous le vent et tirer profit de cette énergie naturelle. Les paysages sont bucoliques, sauvages, et totalement démesurés. Outre d’immenses monts et des vaux profonds, des forêts à n’en plus finir et des pistes ralliant des points de relais faisant des kilomètres de long, on trouve aussi des châteaux. Les ouvriers sont souvent ralliés à une famille noble dont l’habitat défie les lois de la physique. Des battisses brillantes, luxueuses, mesurant des centaines de mètres de haut, trônent au milieu de cours propres, mesurées et symétriques, sans un brin d’herbe de travers. Le soleil se reflète sur ses superbes œuvres architecturales, projetant des rayons dans tous les environs. Ainsi sont les nids de lumières d’Aldérande, contrastant nettement avec le petit peuple et l’autre forme de "nids", ceux des Killiks, insectes géants colonisant des parcelles entières et anéantissant la nature sur leur passage.
Les nids de Killiks s’étendent dans la vallée et remontent sur les flancs doux de la montagne, serpentant entre les arbres épars que les insectoïdes vident peu à peu de leur vie.
L’exploitation où Za’Ash et Ailein se rendent est gérée par Mel et Tel, frère et sœur, accompagnés de leurs familles respectives, et de leurs ouvriers. Quelques maisonnettes serrées et hangars accolés aux habitations sont cernés de moulins gris qui tournent inlassablement au gré des vents. Plus loin, près d’un pan rocheux et enneigé où un creux accueille résidus de pluie et neige lentement fondue par le soleil, cinq chiens Kath paissent en toute quiétude, attroupés autour de dépouilles d’oiseaux quelconques. Une femme blonde et fluette s’approche du petit convoi. Elle porte un jeune enfant dans ses bras. Un homme, un peu plus âgé et visiblement plus bourru, la suit de près. Il a la même tignasse blonde que celle qu’il suit.
- Bonjour ! Je suis Mel. Voici Tel, mon frère. Et Vel, ma fille, rit-elle. Nous sommes les propriétaires… Merci d’être venus si vite. C’est toute notre économie qui se joue vous savez. Si nous perdions un seul de ces moulins ou qu’un de nos hangars de transformation énergétique étaient saccagés par ces sales bêtes, on pourrait mettre la clé sous la porte. On n’a pas beaucoup de réserves sur l’avenir vous savez.
- Génial… répond AZA, faisant un sourire pincé. Le Twi’lek comprend bien que ces gens, avec peu de revenus, ne seront pas en mesure de leur donner des masses de crédits en retour.
Avec Ailein, qui ne souffle pas mot, ils s’acquittent de leur tâche. Il ne sera probablement pas difficile de faire bouger les bestiaux. Les chiens Kath sont soit des animaux désespérément solitaires, soit familiaux, qui vivent en meute. Dans ce cas présent, il y a un gros animal, cornu, deux plus chétifs ne portant pas de cornes, et deux autres encore, beaucoup plus petits. Des jeunes. Il ne sera pas difficile de capturer l’un des jeunes et de l’entraîner où il semblera bon de le faire pour Aven’Za’Ash. Ensuite, sa mère suivra, nécessairement, pour protéger son petit. Puis, le mâle, le plus gros, sera forcé de protéger l’un de ses femelles. Les deux autres suivront pour rester sous la protection du mâle. Il suffira d’emmener le petit suffisamment en contrebas, dans une plaine où ils ne risqueront pas de déranger les activités humaines. Bref, une affaire qui roule.
Le Kaleesh gare le petit skiff qui leur a servi à parcourir les chemins cahoteux de la chaîne montagneuse près d’un hangar de transformation énergétique. Chargée d’armes à plasma, la petite vedette jaune se laisse dolemment mener par l’alien qui reste à monter la garde, tandis que le Twi’lek s’équipe pour capturer l’un des petits, assisté de la Czerka. Dans le même temps, les familles paysannes se rassemblent dans l’une des maisons afin de ne pas gêner l’opération en cours.
Za’Ash se lance. Il s’approche, doucement, pour ne pas effrayer les bêtes, qui, ne le jugeant pas hostile du fait de sa démarche calme et légère, ne prêtent guère plus attention à celui-ci. Ailein s’est déjà cachée dans son champ de furtivité, équipée d’un petit pistolet de neutralisation. Il faut immobiliser le jeune chien Kath sans pour autant l’endormir, car ce sont ses cris de détresse qui motiveront la protection des siens. C’est Aven’Za’Ash qui donne le signal. Tandis qu’Ailein tétanise l’animal, il jette un collet sur le jeune chien Kath, qui se resserre sur le cou de l’animal. Ce denier n’a d’autre choix que de se laisser traîner dans des hurlements étranglés de détresse. Comme prévu, sa mère suit, cherchant désespérément un moyen de secourir son rejeton. En revanche, le mâle devient fou. Il rue, aboie, rugit, et charge. Ailein, quant à elle, ne se fend ni d’un mot ni d’un mouvement. Elle sait qu’il est trop tard pour tenter quoi que ce soit et qu’il vaut mieux maintenant faire demi-tour pour trouver un moment plus propice au déplacement des chiens Kath. Aven’Za’Ash est toujours relié au jeune chiot, cherchant à le maîtriser. Mais le plus inquiétant, c’est le mâle adulte. De plus en plus furieux, il semble devenir fou de rage. Ne pouvant atteindre Aven’Za’Ash, trop mobile, ni Ailein, disparue, il finit par se ruer à pleine vitesse sur le Kaleesh. Ce dernier, totalement désoeuvré, semble figé sur place, terrifié par la bête qu’il n’imaginait pas si féroce. Derrière lui, la vedette pleine d’armes de plasma est toujours posée contre la réserve énergétique. La bête déchaînée fonce férocement sur l’alien immobilisé de peur, tête baissée, et heurte celui-ci de plein fouet, défonçant par la suite la vedette qui, broyée sous les défenses recourbées et résistantes du chien, voit sa tôle se faire écraser. Ceci provoque alors l’explosion, sous la pression, des organes moteurs du petit skiff jaune vif. Enfoncé contre le hangar énergétique, hautement dangereux au contact des étincelles générées par l’embrasement du moteur et alimentées par les gaz s’échappant des quelques armes de Za’Ash, le véhicule provoque une véritable explosion qui gagne la maisonnette attenante. Bientôt, les petites installations sont gagnées par les flammes. Za’Ash, qui n’est pas non plus dénué de cœur comme sa partenaire, lâche son collet auquel il était toujours agrippé. Le jeune chien Kath rejoint ses semblables qui détalent, effarés. Le mâle, lui, gît, écrasant le Kaleesh. Les deux sont morts, brûlés par les explosions combinées du plasma et de l’énergie transformée des éoliennes. Le Twi’lek se précipite vers les maisons qui se consument, pénétrant dans celle où les familles s’étaient réfugiées. Il n’en reste presque rien, seul un coin tient encore debout. Un coin dans lequel un lit de petite taille est caché. Un coin dans lequel une gamine s’est réfugiée. Il l’embarque, sans réfléchir, et fuit. Derrière lui, des explosions supplémentaires résonnent, mais il ne se retourne pas. Emportant la fillette éplorée, il court, hors d’haleine, dévalant les pentes. Une fois hors de danger, enfin, il souffle, pose l’enfant au sol, prend un temps de pause pour rassembler ses esprits. Le voilà seul. Avec une gamine probablement traumatisée. S’ensuit une longue marche jusqu’à l’aire de taxi la plus proche. Ou la première qu’ils trouvent, ne sachant réellement dans quelle direction s’engager. Twi’lek et humaine regagnent le spatioport, muets, et pas d’une seule traite : Il leur faut du temps pour s’orienter, se reposer parfois, et retrouver leur chemin dans l’immensité désespérante d’Aldérande. Heureusement pour eux, les pistes de terre mènent presque toujours à quelque chose ou quelqu’un. Une fois au spatioport, éreinté, affamé et épuisé, Za’Ash détaille la petite. Il ne peut pas abandonner cette enfant à qui il a tout pris. Pas cette fois. Et pas après l’avoir traînée tout ce temps derrière lui pour lui assurer de ne pas finir dévorée par le premier prédateur venu.
Ailein choisit le moment de l’embarquement pour reparaître. Elle arrive, calme, sans mot dire. Za’Ash ne lui demande aucun compte.
Orbite d’Aldérande, Cargo L’Insondable.
Le retour au vaisseau est froid, muet, gênant. Pudique. Personne ne revient sur les évènements. Jack les accueille. Le nom de Tayk, le Kaleesh, n’est même pas murmuré. On commémore son souvenir sans avoir besoin d’en parler. C’est comme ça. On s’enferme dans un silence pendant plusieurs jours pour ne pas raviver de douloureux souvenir. Personne ne demande ce qui s’est passé. Il est mort, l’opération a raté. Pas besoin d’en rajouter.
Un peu plus tard, les langues se délient. Mais Tayk n’est pas le centre de l’attention. Non. Il s’agit de Vel. On la regarde comme un animal sauvage, étrange, venu d’ailleurs. D’une autre galaxie peut-être.
Vel n’est qu’une fillette impressionnée par les lieux. Elle porte de courts cheveux blonds, et comme sa mère, elle est toute menue, mais élancée. L’enfant n’a pas plus de six ou sept ans. Peut-être moins. Ses yeux sont vert. Elle n’est pas triste. Un peu mélancolique. Mais pas triste. Il semble qu’elle ne se rende pas compte. Ou qu’elle soit déjà passée au dessus de cet évènement pourtant traumatisant. En la regardant d’un peu plus près, Za’Ash réalise que son œil droit est rouge, sanguinolent. Il se peut qu’elle ne voie pas. Elle aura probablement pris une braise, une cendre dans l’œil lors de l’explosion… Sa seule blessure, d’ailleurs. Étrangement. Aven présente la fillette à Ailein. Elle soigne l’enfant, à sa manière. Loin d’être une mère poule, la Czerka ne résiste pas à l’envie de lui apposer un implant juste sous l’œil. Grâce à celui-ci, Vel ne perdra non seulement pas son œil, mais elle pourra réutiliser certaines données présentes dans l’implant. Des données relatives aux espèces animales de la galaxie. A tout hasard, ça peut servir, sur un cargo dont c’est la spécialité de l’équipage.
- Za’Ash, voilà votre fille. Réparée. Qu’allez-vous en faire ?
- Euh… C’est pas ma fille…
- Patron ? On va la garder à bord ? demande Jack, qui s’immisce dans la discussion.
- Non je… Je sais pas. C’est pas à nous ça. Et puis je suis pas baby-si…
Za’Ash regarde Ailein, l’air d’avoir une idée en tête, le regard pétillant. C’est elle qu’il avait toujours qualifiée de baby-sitter.
- Non. Vous, Twi’Lek. C’est vous qui l’avez prise, vous la gardez. Elle est à vous. Dites vous que vous faites ça… Je ne sais pas moi, en mémoire de Tayk ou pour succéder à Malora.
Malora. Ce nom retentit dans l’esprit du Twi’Lek. Son cœur se resserre. Où pouvait-elle être désormais ? Vivante ? Il regarde par l’une des baies de son cargo, comme perdu, avant de disparaître sans mot dire. Choqué. Traumatisé. Il s’enferme dans sa cabine.
Il faudra attendre des heures avant de voir le vert pâle du Twi’Lek reparaître. Il appelle la fillette, lui parle, en seul à seul. Elle acquiesce. Sourit doucement. Jack et Ailein approchent de concert, l’un avec l’autre, lentement. Ils attendent qu’AZA ait terminé son entretient pour leur dire ce qui se passe. Il laisse la fillette aller et convoque les deux dans la cabine de pilotage.
- Bon. On va la garder.
- Sérieux ! s’étonne Jack.
- Ouais. Mais bon… Je sais pas combien de temps. Ni ce qu’on en fera. Mais là elle est trop p’tite. Donc elle reste là.
- Tu vas t’attacher, chef, si elle reste trop longtemps…
- Elle pourrait vous servir. Elle passe partout. Et n’a pas peur. Vous pourriez en faire une chasseuse de bêtes, s’enquit Ailein, ne pensant, comme toujours, qu’au profit.
Les deux hommes regardent la Czerka dont le ton reste inlassablement monocorde, désabusés. Elle penche discrètement la tête sur la gauche, comme pour inciter ses interlocuteurs à réfléchir à la question, et à y donner une réponse, si lentement que le mouvement est quasiment imperceptible mais qu’au bout du compte, l’interrogation est bien présente et force les deux à penser à cette perspective.
- Bah c’est vrai qu’une gosse qui sert qu’à bouffer notre temps et nos réserves… dit Jack en se grattant l’arrière du crâne, pensif. En plus on a Tayk en moins maintenant, donc y’a une place libre…
Aven ne dit rien. Le regard fixe, il semble réfléchir très sérieusement.
- OK on va s’en servir. Elle est jeune, malléable, on peut en faire quelque chose. Mais ça veut dire qu’elle sera membre de l’équipage à part entière. Et j’interdis à qui que ce soit de la toucher de manière déplacée, surtout toi, Jack. Tiens d’ailleurs Vel c’est trop moche, maintenant elle portera mes initiales. Ce sera Aza-Vel. On est sur mon Cargo ici, pas sur Aldérande avec ces ploucs.
Ailein et Jack acquiescent. L’humain semble heureux de voir son capitaine reprendre confiance et retrouver son humour et sa détermination. Et il aime quand Ailein est d’accord avec lui, elle qui est si “imposante” dans sa façon d’être. Si impressionnante, si charismatique.
- Allez on se barre, dit Za’Ash qui s’assoit aux commandes du Cargo.
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