Naakla - une fanfiction de Morglaz : Chapitre 10
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Morglaz nous partage le dixième chapitre de la fanfiction mettant en scène ses personnages :
le Chapitre 1 est disponible ici
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le Chapitre 7 : ici
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Le goût amer de l’échec agace Ailein.
En voyant son portrait sur les écrans elle a eu la sensation que son sang se glaçait et désormais elle a une nausée rien que d’y penser. Penser que sa vie pourrait connaître une fin parce qu’elle pourrait être enfermée jusqu’à la fin de ses jours, ou pire, tuée pour ses crimes. Mais quels crimes ? Ceux d’avoir voulu faire avancer la science, la médecine, la vie ? D’avoir voulu trouver et apporter des réponses ? Assise sur son tabouret, au bar, elle respire si faiblement qu’elle pourrait presque manquer d’oxygène. Elle reste fixe, pensive, accoudée au comptoir comme si plus rien n’existait autour d’elle, les yeux vissés à une goutte orpheline sur le plan de travail, tombée d’un quelconque contenant. Une goutte, une goutte qui aurait été de trop dans un verre et qu’on a préféré stopper dans sa progression, et qui se retrouve maintenant seule, qui n’a sa place nulle part, tombée en chemin et qui, selon le bon vouloir du gérant, pourrait être absorbée, balayée, effacée, d’un simple revers d’éponge. Le barman s’approche d’Ailein, se penche vers le comptoir. Il le renifle de ses gros naseaux bruns, puis, à l’aide d’un genre de raclette, il racle le comptoir - comme on pourrait s’y attendre vu l’outil - rassemblant toutes les petites gouttelettes et flaques de cocktails renversés çà et là en une seule petite mare, qu’il approche du bord du comptoir, où il avance le large goulot d’une carafe. Il fait alors couler ce qu’il a récupéré sur le comptoir dans la carafe, jetant au passage un regard à Ailein, médusée. Il s’esclaffe alors, et se retourne pour aller ranger sa carafe avec les alcools du bar, sans un mot pour la femme assise devant lui, qui s’estime soudain fort heureuse de ne rien avoir commandé à ce frauduleux débiteur.
Revenant alors à la réalité, dame Ailein se retourne vers Naakla et Aven’Za’Ash. Si le premier à le même air qu’à leur rencontre, le second, lui, semble démesurément inquiet.
- Il y a quelques terminaux de primes dans le coin je crois. Vous voulez y jeter un œil ? s’enquit le Mandalorien.
- Merci, mec, mais on est des grands on peut s’en sortir.
- Correct. Néanmoins...
Za’Ash s’arrête de trépigner d’angoisse et regarde sa compagne, surpris.
- Le Mandalorien peut aider.
- Vous plaisantez Ailein ?
- Criez son nom plus fort, le Twi’lek, au cas où ils n’auraient pas entendu à l’autre bout de la plage... plaisante Naakla, une moue amusée aux lèvres.
Ajustant le ton, un brin contrarié, ledit Twi’lek reprend :
- De toute façon ici, il n’y a pas de balances. Enfin ça ne répond pas à ma question : qu’est-ce qui vous prend, vous donnez raison à cet humain alors que vous ne le connaissez même pas ?
- Twi’lek, vous n’êtes pas venu ici depuis que nous travaillons ensemble, c’est à dire au moins cinq ans et dix mois. Les lieux et les méthodes ont peut-être changé, vous devez envisager cette possibilité. Par ailleurs, au lieu de tourner en rond à la recherche d’un terminal, le Mandalorien peut peut-être nous y conduire directement.
Se redressant, celui-ci ponctue :
- Ex-Mandalorien.
Dépassé, désabusé, Aven ne sait plus que dire, cherchant des mots à articuler pour s’imposer, sans succès. Après avoir pris une inspiration, il retrouve un fond de bon sens.
- Bon, premièrement on va arrêter de s’appeler par nos petits noms, ensuite, Ailein j’aime pas bien votre insolence, et vous, machin, vous allez nous emmener tout droit dans une pièce qui contient un terminal : un, deux, trois c’est parti on décarre.
Dans un même élan tous trois bondissent et se dirigent d’un air décidé vers la sortie du club, prenant soin de payer leurs consommations et de ramasser leur casque le cas échéant avant de vider les lieux de leur présence.
Ailein ne parle pas, Za’Ash est tendu, Naakla, lui, semble presque s’amuser. Ils descendent de nombreux étages et atteignent une salle opérationnelle ou de vieilles consoles de contrôle de l’astronef, en état de marche, côtoient des ordinateurs plus récents et de factures variables, remplaçant les vieux modèles hors d’usage. Cette petite salle sombre, à l’image du reste de Comète, est très hétéroclite du fait de son agencement et de sa fréquentation. Un écran au mur avec un clavier à sa base fait office de terminal des primes recherchées, et étrangement, ne semble pas être une grande attraction malgré ce que ce qu’il contient représente : S’acquitter d’un contrat de chasse à la prime mené à bien est la promesse du gain d’une coquette somme.
- Voilà, avec ça on devrait savoir pour combien vous ... Pour combien cette Ailein est recherchée, et qui est l’instigateur, annonce Naakla en commençant à pianoter sur le clavier.
Bien vite, l’avis de recherche pour Ailein reparaît. La somme promise n’est pas faramineuse, s’élevant à 850 crédits. Naakla ironise :
- Olala, mais quels crimes cette personne a-t-elle bien pu commettre pour avoir sur la tête une somme si astronomique ! On doit avoir affaire à une véritable tueuse en série... Tiens, bah c’est l’Empire Sith qui a lancé la machine. Y’a un contact, sûrement un mec des renseignements.
Ailein et Za’Ash s’approchent un peu, levant les yeux pour lire l’offre, tandis que Naakla en parcourt les détails en marmonnant.
- Wow, trahison rien que ça... Et seulement 850 balles pour une traîtresse ? Voilà quelque chose d’intéressant. Et on la veut vivante uniquement, tiens tiens.
Il se tourne vers Ailein et la jauge. Le Twi’Lek a toujours le nez levé vers l’écran tandis que l’ancienne agent de Czerka, elle, baisse la tête vers Naakla et lui rend son regard neutre. Une fois de plus, l’humain a tout l’air de dévisager Ailein malgré le masque qu’elle porte, et il fixe ses yeux, pourtant dissimulés sous son masque dont même les orifices pour permettre la vue sont opaques, vus de l’extérieur. Il ne semble ni menaçant, ni suspect. Il la regarde seulement avec un intérêt non dissimulé. La dame penche alors doucement la tête sur le côté gauche, interrogée.
Za’Ash prend soudain une inspiration, comme s’il reprenait ses esprits après une perte de connaissance, et frappe une fois dans ses mains avant de s’exclamer :
- Bon ! Suite des opérations, on sort et on va faire deux trois emplettes, après quoi toi l’humain t’es sympa tu nous trouves un coin au calme on doit discuter, je te paie un coup si ça peut te motiver.
- Hé, du calme, j’suis pas ton larbin, et l’humain il s’appelle Naakla. Essaie de demander poliment pour voir, Twi’lek ?
- C’est pas parce que je suis un Twi’lek que tu peux me maltraiter mec, j’suis le capitaine d’un vaisseau et d’un blaster et j’sais m’en servir, morveux.
- Moi j’en ai deux, des blasters, demi-portion.
Les deux messieurs deviennent risibles, presque nez à nez, chacun absorbé par cette escalade d’arguments plus affligeants les uns que les autres. Naakla, assez grand, est caparaçonné d’une armure dont la couleur dominante est le rouge, tandis que le Twi’lek vert, lui, dans son veston brun, est finalement assez petit et contraint de tordre le cou pour se mesurer à Naakla. Ailein soupire, agacée à l’idée de perdre du temps alors que tant d’occupations attendent encore le capitaine et sa seconde. Elle pose la main à sa ceinture, ouvrant une petite sacoche dans laquelle se trouve son précieux ProtoCIS sur lequel elle fait rouler une petite molette, ce qui a pour effet de la rendre invisible aux yeux de chaque personne présente dans la pièce. Naakla se redresse, assistant à cette disparition inexpliquée, oubliant sa chamaillerie. Il a un sourire épaté et le regard brillant, perdu dans le vague, cherchant sa mystérieuse nouvelle rencontre dont il découvre une nouvelle facette avec délectation. La volatilisation de l’énigmatique femme ne manque pas d’étonner les quelques personnes présentes dans la pièce, sans néanmoins les perturber plus que cela. Aven se voit contraint de remettre à plus tard son concours du plus viril des deux, et appelle Ailein.
- Ok, vous avez gagné, ma belle, on s’arrache et on va aller discuter calmement. Ça vous va ?
- Je vous retrouve à la navette, messieurs. Prenez soin d’y être tous les deux ce soir.
La réponse vient d’ailleurs, de partout et de nulle part. Ailein n’a pas pris la peine de couper son générateur de champ furtif, manifestement irritée par la petitesse de la gent masculine.
- Dis oui, s’il te plaît dis oui mec, implore Za’Ash.
- N’importe quoi tant que je peux la revoir, s’amuse Naakla, le regard toujours dans le vide.
- Je vais te montrer où on est garé mais je te préviens pas d’entourloupe.
- Mais il croit quoi le Twi’lek ?
- C’est Aven’Za’Ash espèce de demeuré !
Ailein quitte les lieux avant que la situation ne l’insupporte davantage.
A peine a-t-elle quitté la pièce qu’elle sort de son invisibilité, ce qui étonne les passants sur son chemin. L’agent est bien décidée à profiter de la journée de repos promise.
Elle déambule dans les couloirs du vaisseau, qui ressemblent aux tréfonds d’une Œcuménopole, ces planètes villes entièrement recouvertes d’immeubles et de tours sans un seul centimètre de terre sauvage. En même temps la botanique n’est pas une matière des plus évidentes au sein d’un vaisseau. Le Comète d’Arastea était vraiment un immense bâtiment avec la classe des corvettes et la taille monumentale des vaisseaux-mères. Désormais, il n’est plus qu’une citadelle aux allures balnéaires. Tout à l’intérieur, ou presque, se monnaie : La restauration, avec le restaurant principal installé dans l’ancien mess, mais aussi des boutiques de toutes les sortes, réservées aux locataires arrivés les premiers sur les lieux et implantés dans leurs cases dès les premiers jours de Comète-Mouroir. Ceux là vendent des cargaisons, volées à des vaisseaux en route par des contrebandiers et autres pirates galactiques, qui le leur ont revendues. Ce sont donc souvent des marchandises en bon état et de première main, des lots de toutes sortes répartis par spécialités : Là, un mécanicien détache des pièces de speeders et les revend au détail. Ici, un homme à l’allure élégante charme des clientes en leur proposant une démonstration avec un modèle d’holocommunicateur dernier cri.
Et il y a les cantinas et les clubs : Si les premières sont des lieux agréables et joyeux où il fait bon boire un verre pour prendre une pause pour Ailein, les seconds sont les pires endroits au monde avec leur musique assourdissante et leur lumière tamisée. Sans compter les odeurs et la fréquentation. On y trouve des badauds, des gens venus pour oublier leur désespoir et le noyer dans l’épuisement de la danse, l’alcool ou les substances illicites, et des barons qui, eux, élisent domicile dans ces clubs pour revendre leurs denrées, toutes sortes d’épices pour faire planer n’importe quel alien.
L’agent évite consciencieusement de se laisser entraîner par la foule, ne souhaitant pas risquer de se faire happer par le mouvement collectif pour se retrouver malgré elle au beau milieu d’un concert de fumées d’épices.
Elle quitte les étages les plus festifs et se retrouve dans les quartiers où là encore, rien ne se perd. A part quelques cabines privées où les habitants purs de Maha-Tent résident, des couloirs entiers ont été transformés en hôtels pour accueillir le reste des visiteurs, ceux qui ne font que passer – probablement 90 % de la population complète de la petite lune. Cependant, toutes ces cabines sont bien trop peu pour la masse de voyageurs qui transitent chaque jour sur Maha-Tent, parfois pour y vivre une nouvelle vie, parfois simplement pour se cacher ou pour commercer. C’est que la lune de Thassia a son histoire et sa légende : On dit que Comète-Mouroir est un lieu où l’on meurt. Ainsi, le Comète d’Arastea est « mort », abandonné ici, mais fourmille désormais des milliers de vies incarnées par ses habitants ; les constructeurs ont sacrifié leurs vies pour que la ville, Comète-Mouroir, voit le jour, et les voyous, les fuyards, les évadés, eux, viennent à Comète pour faire mourir qui ils étaient avant et renaître sous une nouvelle identité. Il existe même un groupe bien avisé qui en a fait son propre commerce : parquée dans les plus hauts étages de l’astronef, la ‘’brigade de la mort’’ est composée de faussaires, les ‘’exécuteurs’’, qui, vêtus de noir, opèrent pour vous inventer un décès et vous recréer une identité de toutes pièces, avec des souvenirs, des actes officiels, des contacts…
En bas des escaliers, après le secteur d’hébergement, Ailein rejoint les halls qui donnent sur le hangar, principal lieu de couchage de Comète. Elle traverse ce dortoir géant et retrouve enfin la lumière du jour. Dehors, tout semble soudain plus sain, et l’air paraît plus respirable. Elle oblique sur la gauche aussitôt après être sortie du hangar et se dirige vers les palissades où, tout autour du vaisseau échoué, des ouvertures ont été découpées comme annexes à la porte principale, chacune donnant sur l’un des grands ponts qui relient l’archipel. Elle flâne, en passant, devant les petites toiles de tentes tirées par des vendeurs occasionnels, plantées dans le sable. Assis sur un tapis orange vif, une Nikto au visage hérissé de pointes écailleuses la regarde, et jette un œil sur ses articles. Celle-ci vend des armes tribales, rien de très moderne, mais tente sa chance en proposant un bâton de combat rapproché à la chalande. L’objet est en bon état général et a un côté original. Ailein observe sans un mouvement de trop la Nikto qui lui tend son arme, toute griffée d’ornements au style ancestral, et parée d’une sangle permettant de la porte en bandoulière. Bien que tentée, Ailein passe finalement son chemin sans demander son reste. Elle file sans plus s’arrêter vers l’ouverture et rejoint le rivage avant d’emprunter le pont. D’une longueur ahurissante, il mène sur l’une des îles voisines.
Au terme de sa journée de "visite", Ailein se calme finalement. Elle prend du recul, et revoit la situation à tête reposée en flânant presque sur les ilôts connectés de Maha-Tent, qu’elle a pris le temps de découvrir : Chaque île est colonisée par un type de population entendu. Par exemple, si la capitale, Comète, est cosmopolite, une île adjacente sera peuplée plutôt d’humains issus de mondes différents et de Twi’leks, ces deux espèces étant plutôt complémentaires, une autre sera un secteur majoritairement composé de Niktos, l’île suivante abritera plutôt des individus issus de colonies. Il n’y a pas de population "zéro" sur Maha-Tent, à l’origine cette lune n’était pas du tout habitée et c’est uiquement suite à la dérive du Comète d’Arastea que des colons l’ont investie, chaque époque, chaque conflit ayant apporté son lot d’espèces intelligentes docilement parquées sur une île précise.
Sur les rives du cratère, habitant le littoral qui encercle l’étendue marine, quelques âmes isolées se partagent les grottes naturelles qui n’ont pas été piégées par la glace. Ailein, courageuse mais pas téméraire, ne s’aventure guère plus loin que le sable, ne souhaitant pas déranger les aliens y ayant élu domicile. Elle ne saurait dire quelles espèces ont décidé de vivre dans le froid des extrémités du cratère de Maha-tent ; probablement des Zabraks, des Anomides, des Ortoliens et d’autres aliens plus mystérieux encore et plus dangereux...
Elle rebrousse chemin, préférant ne pas risquer de rater l’heure de rendez-vous. Elle annoncera à Aven ce sur quoi elle a réfléchi afin que tous deux puissent prendre la meilleure décision possible. Il est vrai qu’elle a eu une "réaction" hâtive, si l’on peut considérer une introspection silencieuse et immobile au bout d’un bar comme une réaction démesurée. Mais après réflexion, l’ex agent Czerka n’a pas à s’en faire, puisqu’elle a la capacité de se rendre invisible sur commande et qu’elle n’a jamais eu le moindre problème, ni subi un seul regard de travers jusqu’à présent. Ce qu’on dit est peut-être vrai : Ici, "chez ma tante", on est dans la famille. On vient séjourner, s’éloigner du fracas des conflits galactiques, rencontrer des contacts ou prendre un nouveau départ, on s’entraide, mais on ne se dénonce pas les uns les autres. Du moins, c’était le cas lorsque Za’Ash y avait ses habitudes, quelques années auparavant. Ailein s’immobilise un court instant, comprenant l’esprit général de la lune et les codes de repérage utilisés à travers l’univers. Lorsqu’elle entendait Za’Ash faire affaire avec certains commerçants en glissant un "on n’a pas une tante en commun ?" pour radoucir les négociations - avec succès -, il s’agissait en réalité de ce lien secret qu’ont tous les habitués de cette lune... Quant aux chasseurs de primes professionnels, ils trouveront probablement la prime dérisoire, tandis que les amateurs, eux, s’il en existe qui soient sur les traces d’Ailein, ils se sont jusque là avérés bien discrets. Peu de chances, donc, que qui que ce soit se charge de la traquer.
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